Emmanuel Macron a vécu une année 2018 très difficile. Mais, le pire pourrait être à venir.
Sans nul doute, Emmanuel Macron a vécu en 2018 la pire année de sa jeune carrière politique. 2017 était l’année de la conquête, 2018 est devenu celle de la disgrâce. Le chef de l’Etat a perdu en quelques mois le crédit qu’il avait acquis à l’issue de sa victoire à la présidentielle et de son début de mandat où il avait multiplié les réformes réputés infaisables (SNCF, suppression de l’ISF). L’affaire Benalla a brisé cet élan. A cela est venu s’ajouter la crise des Gilets jaunes qui a accentué le discrédit d’Emmanuel Macron dans l’opinion. Mais, l’année 2019 pourrait être encore pire pour le chef de l’Etat. Le JDD vous explique pourquoi.
1 – La croissance est en danger
Lors de l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017, la croissance était solide, le pétrole peu cher et les taux d’intérêt très bas. La conjoncture s’est en partie retournée. La croissance devrait finir l’année 2018 en hausse de 1,5%, soit 0,7 points de moins qu’en 2017. Surtout la croissance de l’année 2019 pourrait être encore plus faible. Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management, prévoit par exemple une croissance à 1,2%, contre 1,7% annoncé par le gouvernement. « On va avoir un vrai coup de frein » sur l’activité, estime Philippe Waechter qui prédit que « 2019 sera une année très compliquée sur le plan budgétaire ». La dette publique de la France se rapproche, elle, à nouveau du seuil symbolique de 100% du PIB.
La fin de l’année 2018 a par ailleurs été marquée par le fléchissement de la consommation et la dégradation du climat des affaires à cause de la crise des Gilets jaunes. Or, le mouvement est encore loin d’être éteint. La croissance en 2019 pourrait aussi être impactée par le retournement mondial de la conjoncture. Sans une croissance forte, il est difficile d’envisager une baisse durable du chômage, une maîtrise des déficits et une politique plus redistributive dans un contexte de crise sociale.
2 – Le prélèvement à la source risque d’aggraver la crise sociale
Cela a été la grande affaire de la rentrée 2018. Le gouvernement allait-il appliquer le prélèvement à la source dès janvier 2019? Après avoir tergiversé, Emmanuel Macron a finalement décidé de mettre en place la réforme voulue par son prédécesseur François Hollande. Le contexte pour la mise en oeuvre d’une telle réforme semble pourtant explosif. En janvier, de nombreux Français vont découvrir une baisse de revenus sur leur fiche de paye. Même si celle-ci n’est qu’artificielle (les impôts doivent de tout façon être payés), elle risque d’avoir un fort impact psychologique alors que beaucoup de Français se plaignent déjà d’une baisse de leur pouvoir d’achat.
Autre réforme qui doit entrer en vigueur en 2019 : le nouveau calcul des aides au logement. Les APL vont être calculées sur la base du revenu en cours et non plus sur le revenu de l’année N-2. Potentiellement, de nombreux Français, en particulier les apprentis et les jeunes travailleurs, risquent de subir une nouvelle baisse de leur revenu.
3 – Il a perdu tout capital politique pour réformer
Peut-on encore réformer quand on est devenu impopulaire et qu’on a déjà cédé face à la rue? Pour Emmanuel Macron, l’équation à résoudre en 2019 risque d’être particulièrement ardue. A trois ans et demi de la fin de son mandat, il semble désormais en butte à une impopularité tenace. Selon le dernier sondage Ifop pour JDD, Emmanuel Macron obtient l’assentiment de 23% des Français (soit 27 points de moins qu’en janvier 2018).
Le chef de l’Etat prévoit pourtant en 2019 de réformer les retraites et l’assurance chômage, des chantiers potentiellement explosifs. Mais comment y parvenir sans capital politique? « A partir d’aujourd’hui, les Français vont sortir systématiquement dans la rue quand ils ne seront pas d’accord avec les mesures du gouvernement », estime même Frédéric Sawicki, spécialiste des organisations politiques et du militantisme à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, interrogé récemment par l’AFP. En 2019, Emmanuel Macron souhaite également réformer la constitution. Mais le chantier est perturbé par l’émergence du référendum d’initiative citoyenne comme revendication numéro 1 des Gilets jaunes.
4 – Il n’a aucune solution de rechange politique
L’affaire Benalla et la crise des Gilets jaunes ont un point commun : elles ont montré l’absence de poids lourds politiques prêts à défendre Emmanuel Macron en cas de difficulté. Le chef de l’Etat s’est retrouvé esseulé avec aucun lieutenant d’envergure prêt à monter au feu pour le protéger, à l’exception du Premier ministre. Autre problème pour Emmanuel Macron, il n’a pratiquement aucune solution de rechange sur son banc de touche politique, comme l’ont montré les deux derniers remaniements. Il ne peut donc même pas espérer faire un coup de poker politique pour relancer son quinquennat.