Emmanuel Macron a participé vendredi dans le Lot à sa deuxième longue intervention de la semaine avec des élus locaux. Répondant aux différentes interpellations, le chef de l’Etat a résumé sa vision économique et sociale, face notamment aux critiques sur la suppression de l’ISF.
Second round pour Emmanuel Macron face aux maires de France. Après l’Eure en Normandie mardi, le chef de l’Etat était vendredi à Souillac, dans le Lot, pour échanger avec des élus de la région Occitanie. A l’occasion d’une rencontre de plusieurs heures, sur le modèle de la précédente rencontre, il a d’abord écouté l’une après l’autre les interventions des participants avant de tenter d’y répondre. S’il a assuré que les contributions de ses interlocuteurs allaient « nourrir » le grand débat organisé en réponse aux Gilets jaunes, le président de la République en a aussi profité pour revenir en détail sur son action et détailler sa vision économique et sociale pour le pays.
Après être resté silencieux pendant 2h40, Emmanuel Macron a notamment fait face aux critiques sur la suppression de l’ISF. « C’est pas en rétablissant l’ISF et en faisant le référendum d’initiative citoyenne qu’on réglera le problème du chômage de masse », a-t-il lancé. Ajoutant : « L’ISF ce n’est pas un sujet entre riches et pauvres pour moi, c’est un sujet sur est-ce qu’on veut aider nos entreprises ou pas. » « Mais il fait l’évaluer, s’il y a des mesures plus efficaces, il faut améliorer les choses », a-t-il concédé. Il a aussi rappelé qu’il voulait créer un revenu universel activité, un « revenu de subsistance » géré via un guichet unique des aides sociale mais avec « des droits et des devoirs ».
Pour Macron, le « vrai sujet » pour réduire les inégalités porte sur l’école et le travail
« La vraie injustice, ce n’est pas que l’un gagne plus que l’autre » car cela dépend aussi de choix de vie, mais qu’on n’ait « pas la même chance de réussite dans des familles ou des lieux différents », a par ailleurs défendu Emmanuel Macron devant les maires d’Occitanie. « Si l’un gagne plus que l’autre », juge-t-il, « ça dépend s’il travaille plus, ou s’il s’est donné les moyens de le faire, s’il considère que l’objectif de sa vie c’est de gagner de l’argent, ou de créer des entreprises, ou autre. Il y en a peut-être un à côté qui a décidé, lui, d’avoir un autre équilibre familial, ou de passer moins de temps au travail. Ou qui est moins doué à l’école, ça arrive aussi! », a-t-il lancé.
« Dans cette passion française pour la fiscalité, on ne parle pas assez d’inégalités de destin », a-t-il martelé. « La vraie inégalité, c’est qu’avec le même talent, la même motivation, deux enfants français n’auront pas la même chance de réussite dans des familles différents ou des lieux différents. C’est ça dont on devrait s’indigner ». « Le vrai sujet pour réduire ces inégalités c’est l’école et c’est le travail », a-t-il poursuivi.
Justice sociale et réintroduction des ours
Les questions des maires face à lui portaient sur des sujets très différents, de la justice sociale à la réintroduction d’ours dans le Béarn en passant par les logements, l’éducation et la 4G… Le tout dans un climat relativement détendu, même si des édiles se sont montrés offensifs. Le premier a été le président de l’association des maires ruraux du Lot, Christian Venries, qui a prononcé un sévère réquisitoire contre le président et ses prédécesseurs. Ce grand débat, est-ce « une opération de com’, une mascarade, de l’enfumage? », s’est interrogé le maire de Saint-Cirgues, en fustigeant les « lois complètement déconnectées », qui sont « pondues dans les bureaux parisiens ».
Arrêtez de stigmatiser, opposer, mépriser, cela ne fait que générer de la violence
« J’espère que vous n’êtes pas dans la posture du ‘dites-moi de quoi vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer’. (…) Arrêtez de stigmatiser, opposer, mépriser, cela ne fait que générer de la violence », a-t-il également lancé en lui rappelant plusieurs de ses propos polémiques – « sortis de leur contexte », s’est défendu plus tard le chef de l’Etat.
Une nouvelle rencontre avec des élus est prévue le 24 ou 25 janvier, dans un lieu que l’Elysée doit annoncer. « L’idée est d’avoir une à deux rencontres par semaine, en fonction de l’agenda international, et garder des rencontres qui soient à taille humaine », a expliqué Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales et co-animateur du grand débat. Quelque 360 débats, à partir de samedi, sont actuellement référencés sur la plateforme, a précisé Sébastien Lecornu : 40% organisés par des élus locaux, des collectivités territoriales, 40% par des citoyens et 20% par des associations.