Le long de la côte de Calais, les passeurs utilisent une nouvelle méthode pour transporter des migrants vers la côte britannique. Les migrants marchent délibérément sur la plage parmi les touristes et montent à bord de « bateaux-taxis ».
Au large de la plage de Boulogne-sur-Mer, un touriste pagaie paisiblement dans un canoë. Plus loin, des enfants apprennent la voile dans de petits bateaux. Sur la plage, des vacanciers en maillot de bain et avec des lunettes de soleil sont allongés.
Un scénario estival habituel où soudainement quelque chose d’inhabituel s’est produit. Des dizaines de migrants ont traversé la plage, marchant au milieu des touristes. Ensuite, ils sont entrés dans l’eau, en passant à côté du canoë et des enfants en voile. Sur les photos, on peut voir certains migrants soulevant leurs tout-petits et leurs bébés pour les maintenir hors de l’eau.
Environ quarante migrants ont monté à bord d’un grand bateau pneumatique qui était prêt au large de la côte. Une femme a pu mettre seulement ses deux enfants à bord du bateau. Il n’y avait plus de place pour elle. Elle a dû retourner sur la plage. Le moteur hors-bord a été démarré et le cap a été mis vers la côte britannique : la destination rêvée de nombreux migrants.
Le long de la côte nord-française, les passeurs utilisent une nouvelle méthode pour faire traverser la Manche aux gens : avec des « taxibateaux ». Ces bateaux sont prêts dans l’eau au large de la côte. Vous y grimpez et vous êtes transporté moyennant paiement.
Dans le passé, les migrants marchaient généralement avec un bateau depuis les dunes vers la mer la nuit. Maintenant, ils marchent sans bateau – le bateau avec le conducteur est déjà prêt dans l’eau – et ne sont plus isolés dans les dunes, mais dans des endroits où il y a beaucoup de vacanciers. Cela rend plus difficile l’intervention de la police.
La scène décrite à Boulogne-sur-Mer s’est déroulée mardi. Pas moins de six « taxibateaux » se sont présentés sur la plage et environ deux cents migrants ont embarqué.
« La police a réussi à arrêter environ quinze migrants qui étaient encore sur la plage. Mais une fois dans l’eau, la police ne fait plus rien », a déclaré le photographe Johan Ben Azzouz dans son propre journal, La Voix du Nord. Il était sur la plage et a pris des photos.
« Il est donc moins risqué pour les migrants de marcher dans l’eau vers un bateau qui arrive, que de venir eux-mêmes avec un bateau depuis les dunes et de devoir traverser la plage », a-t-il ajouté.
Les photos des bateaux-taxis et des migrants au milieu des touristes ont suscité beaucoup d’émotion en France. « Ce que tout le monde préfère ignorer est devenu visible avec ces photos », a déclaré Olivier Ternisien de l’organisation d’aide Osmose 62 à la télévision. « Des mères avec des bébés jusqu’à la taille dans l’eau. Et les touristes, des vacanciers étrangers, ont vu cela de leurs propres yeux. »
Les autorités françaises sont très préoccupées par la situation. « Nous avons vécu une journée très difficile », a déclaré le préfet de région Jacques Billant après la publication des photos de Ben Azzouz. « Cela s’est produit en plein jour, au cœur de la ville. Les passeurs font délibérément marcher les migrants entre les vacanciers pour compliquer le travail de la police. »
