L’Union européenne avance de manière remarquablement unie dans la guerre en Ukraine, la question est de savoir combien de temps cette unité va encore durer. C’est ce qu’affirme Mathieu Segers, professeur d’histoire contemporaine de l’Europe à l’Université de Maastricht, dans BNR De Wereld. La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a fait allusion à des pourparlers de paix entre Moscou et Kiev, ce qui a suscité tout sauf de la satisfaction parmi les États membres de l’UE d’Europe de l’Est.
Lors d’un forum sur la sécurité dans la capitale slovaque, Bratislava, la semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a appelé à un « réveil stratégique ». Selon Macron, l’invasion russe a durablement modifié l’environnement sécuritaire du continent, et la France et l’Europe jouent un rôle crucial dans la préservation de cette sécurité.
Remarquable dans le discours de Macron : il a fait allusion à des pourparlers de paix entre Kiev et Moscou, tout en soulignant la difficulté de négocier avec quelqu’un qui est recherché par la Cour pénale internationale. Cette démarche solitaire de la France suscite de nombreuses interrogations. Selon Segers, depuis le début de la guerre, Macron tente cependant de créer une position distincte pour la France et l’Europe qui ne suit pas nécessairement la ligne des États-Unis.
Depuis Washington, le soutien militaire continue de couler inlassablement vers l’Ukraine. Macron ne s’en distancie pas, mais il souligne qu’il y a « plusieurs options que la position américaine ». Selon Segers, il essaie d’éviter que la porte se referme avec la Russie. « La Russie reste là où elle est, et elle est toujours plus proche de nous que des États-Unis ».
À terme, des négociations doivent donc avoir lieu, et la France souhaite y jouer un rôle. C’est une étape logique, mais cela peut également être perçu comme une provocation : Vladimir Poutine est poursuivi par la Cour pénale internationale. Passer outre ce fait équivaut bien sûr à contourner le droit international. Selon Segers, Macron a certainement un point, mais il provoque ainsi.
« Le fait qu’il le présente de manière si unilatérale, sans être davantage intégré dans une position, conjointement avec les partenaires, par exemple en Europe ou dans le cadre transatlantique, constitue une provocation au sein de la coopération interne. Cela correspond à l’image d’un président français, mais cela peut être épuisant aux yeux des autres. »