À huit mille kilomètres de Paris se trouve Mayotte, également appelée la « Lampedusa de l’océan Indien ». L’île tropicale située entre Madagascar et le Mozambique est l’un des départements d’outre-mer de la France: un morceau de l’Union européenne au large des côtes de l’Afrique de l’Est.
Chaque année, des milliers de personnes tentent de rejoindre l’île, dans des bateaux branlants, dans l’espoir d’un avenir meilleur. Beaucoup meurent dans le processus. Il y a un mois, 34 migrants sont morts lorsque leur bateau a eu des ennuis au nord de Madagascar.
Pour empêcher la migration vers Mayotte, le gouvernement français souhaite lancer un de ces jours « l’opération Wuambushu », qui signifie « prendre le relais » dans l’une des langues locales de l’île. Le pays veut expulser 20 000 migrants sans permis de séjour et « nettoyer » une partie des bidonvilles, où vivent de nombreux migrants. Cinq cents soldats français supplémentaires ont été enrôlés pour aider les agents locaux dans l’opération.
Les habitants des bidonvilles retiennent leur souffle. Dans un bidonville de la capitale Mamoudzou, certaines habitations sont déjà marquées.
« Nous vivons dans une tension constante », a déclaré Fatima à la BBC, » cet endroit est en train d’être rasé, nous n’avons pas le choix. »
Le nombre de personnes embarquant sur un bateau pour Mayotte augmente. La moitié des plus de 300 000 habitants de l’île viennent désormais de l’étranger. La plupart viennent des Comores voisines, en particulier de l’île la plus proche d’Anjouan. Une grande partie du reste vient de Madagascar. Mais il y a aussi des personnes de nombreux pays plus lointains, comme le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo, explique l’Ofpra, l’organisation gouvernementale française qui s’occupe des demandes d’asile, à la NOS.
Mayotte a en grande partie les mêmes règles que le reste de l’Union européenne, mais elle ne fait pas partie de l’espace Schengen. Les voyages dans d’autres pays de l’UE ne sont pas possibles. Seuls quelques-uns ont la possibilité de se rendre en France pour y travailler ou y étudier. Néanmoins, Mayotte est une destination attractive pour les migrants de la région. L’île est beaucoup plus pauvre que l’Europe, mais plus riche que les pays africains environnants.
Selon le gouvernement français, le grand nombre de migrants sur l’île pose de nombreux problèmes. Surtout dans les bidonvilles, il y aurait beaucoup de violence et la pauvreté augmenterait. Il y a aussi trop peu d’écoles et d’hôpitaux.
La France tente de contrer l’immigration clandestine au moyen d’une surveillance par bateaux et depuis les airs. Sur les routes maritimes autour de l’île, les gardes-frontières renvoient régulièrement des bateaux avec des migrants. Ces dernières années, environ 24 000 personnes par an ont été expulsées par la France, principalement vers l’île comorienne d’Anjouan. L’opération « Wuambushu » vient maintenant s’ajouter à cela.