Début Societe Gilets jaunes : qui sont les vrais leaders du mouvement?

Gilets jaunes : qui sont les vrais leaders du mouvement?

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Depuis quelques semaines, certains Gilets jaunes s’imposent au sein du mouvement. Parmi la myriade de comptes Facebook associés à la mobilisation, plusieurs pôles d’influence se dessinent. Et notamment autour d’Eric Drouet, de Priscillia Ludosky et de Maxime Nicolle, trois Gilets jaunes de la première heure.

Dans la galaxie des groupes Facebook des Gilets jaunes, certaines voix pèsent plus que d’autres. Depuis la première journée de manifestation, le 17 novembre dernier, la mobilisation semble protéiforme et horizontale. Sans meneur déclaré, ni hiérarchie, ni représentant officiel. Bref, sans les attributs d’un mouvement social traditionnel. Des dizaines de groupes Facebook se sont créés, comme « Je suis Gilet jaune! », une sorte d’agora numérique où chacun s’exprime. Fin novembre, des Gilets jaunes avaient désigné huit porte-paroles, dont des figures historiques comme Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle, mais sans faire l’unanimité. Depuis le mouvement avance sans leader.

Pourtant, quelques noms se détachent. Suivis par des milliers, voire des centaines de milliers d’internautes, ils influencent réellement le mouvement.

Ludosky, Drouet et Fly Rider : le trio historique
Ils sont les vrais leaders du mouvement, même s’ils s’en défendent. Commençons par Priscillia Ludosky, auto-entrepreneuse de 32 ans, spécialisée dans la vente de cosmétiques bio. Cette habitante de Seine-et-Marne a rédigé, en mai dernier, une pétition contre la hausse du prix des carburants. Longtemps, ce texte est resté confidentiel. Jusqu’à ce qu’un autre automobiliste, Eric Drouet, la contacte. Ce routier de 33 ans, Seine-et-Marnais lui aussi, voulait organiser un rassemblement pour protester contre les prix de l’essence. Rapidement, l’initiative fait boule de neige et donne naissance à l’acte 1 des Gilets jaunes, le 17 novembre.

Depuis, Priscillia Ludosky et Eric Drouet sont les principales figures du mouvement. Le 28 novembre, le duo a rencontré François de Rugy, le ministre de la Transition écologique. Ils s’expriment notamment à travers le groupe Facebook « La France en colère !!! » qui compte plus de 338.000 membres et « La France énervée », suivie par 57.000 personnes.

A ce duo s’est greffé Maxime Nicolle. Surnommé Fly Rider, intérimaire dans les Côtes d’Armor, il est très populaire sur Facebook. Chaque jour ou presque, il répond aux questions d’autres Gilets jaunes au cours de vidéos diffusées en live. Son compte personnel dénombre plus de 120.000 abonnés et son groupe « Fly Rider Infos Blocage » rassemble plus de 155.000 membres.

Ces trois-là ne se revendiquent pas porte-paroles, au contraire. Mais ils ont clairement une influence. Ce sont eux, entre autres, qui, le 15 novembre, ont énoncé leurs revendications place de l’Opéra à Paris, à savoir : une baisse des taxes sur les produits de première nécessité, une diminution des salaires des élus, et la création d’un référendum d’initiative citoyenne. Eux également qui diffusent chaque semaine des informations sur les manifestations du samedi.

Pourquoi ce soutien? Les internautes semblent apprécier trois éléments : ils sont engagés depuis le tout début, ce qui leur confère une légitimité, ils consultent sans cesse leurs camarades et ils n’ont jamais changé de credo. Tous trois suivent une ligne plus dure. Ils se veulent apolitiques et refusent toute structuration du mouvement.

A ce canal historique, peuvent être ajoutés les signataires d’un communiqué de presse contre les violences policiers, diffusé le 26 décembre. Parmi eux, Laetitia Dewalle, une Gilet jaune du Val-d’Oise, vue plusieurs fois à la télévision, et Philippe Pascot. Ancien maire-adjoint d’Evry au côté de Manuel Valls, ancien conseiller régional du Parti radical de gauche, ce dernier se consacre désormais à la rédaction d’ouvrages sur les abus de certains élus.

Les pros du « live »
Autre catégorie d’influenceurs parmi les Gilets jaunes, à moindre échelle : ceux qui filment les mobilisations en direct et les diffusent sur Facebook. Certains sont suivis par des milliers de personnes en temps réel.

Ramous est l’un de ces manifestants 2.0 les plus connus. Sur sa page Facebook, suivie par plus de 270.000 personnes, il se présente comme YouTubeur, auteur, compositeur et interprète. Avant l’apparition des Gilets jaunes, il commentait déjà l’actualité sur YouTube. Depuis, il publie régulièrement des live dans lesquels il exhorte à se mobiliser et fustige les violences policières. Chaque semaine, il se filme lors des manifestations.

Citons également Jérôme Rodriguez. Cet internaute parisien multiplie les live sur Facebook, où il compte plus de 14.000 abonnés.

Autre influenceur, Yannick Krommenacker, un Gilet jaune alsacien suivi par plus de 42.000 personnes. Le 1er décembre, il était à Paris pour l’acte 3 du mouvement. Son Facebook live a été vu plus d’1,3 million de fois. On le voyait notamment être interpellé de façon musclée par les CRS. Le soudeur de 32 ans a d’ailleurs été blessé par un tri de flashball ce jour-là. Auparavant, il avait été condamné à quatre mois de prison ferme en novembre pour avoir organisé une chaîne humaine sur l’autoroute A35.

Comme Ramous, Yannick Krommenacker n’est pas un inconnu. Selon France 3, il était familier des coups d’éclat sur les réseaux sociaux. En 2016, une vidéo le montrait en train de payer une amende avec des pièces rouges. Il s’était aussi déguisé en coq pour dénoncer l’installation d’un radar (« marre d’être plumé », s’était-il justifié) puis en mouton pour protester contre l’instauration des 80km/h. Récemment, il a débattu lors d’un « live » avec Fly Rider et proposé de créer une association de Gilets jaunes. Une idée fermement rejetée par l’intéressé et par de nombreux internautes.

Les Gilets jaunes « modérés »
A côté des groupes plus radicaux, de nombreux Gilets jaunes se disent modérés et tentent de créer des embryons de mouvements politiques ou associatifs. Mais ils forment un pôle hétéroclite et dispersé. Leurs revendications sont similaires aux autres Gilets jaunes mais ils prônent une méthode différente : investir le champ politique plutôt que la rue et éventuellement présenter une liste aux élections européennes. Plusieurs font partie du collectif des Gilets jaunes libres qui appelaient, dans le JDD du 2 décembre, à cesser les violences et à trouver « une porte de sortie » avec le gouvernement.

Le groupe le plus important est celui d’Hayk Shahinyan. Ce jeune entrepreneur a fondé l’association « Gilets jaunes Le Mouvement ». Avec environ 26.000 abonnés sur Facebook, son audience semble dérisoire par rapport au trio Ludosky, Drouet et Nicolle. Malgré tout, « Gilets jaunes Le Mouvement » engrange quelques soutiens, familiers des plateaux télé, comme Christophe Chalençon, Jean-François Barnaba, Côme Dunis ou le marseillais Paul Marra. Dernièrement, il a été rejoint par Ingrid Levavasseur, une Gilet jaune très populaire, engagée sur le terrain dans l’Eure.

Le 20 décembre, la troupe a annoncé la naissance d’une « coordination nationale des Gilets jaunes ». Celle-ci rassemble les membres de « Gilets jaunes Le Mouvement » et d’autres personnalités, comme l’écrivain Alexandre Jardin. Les élections européennes sont clairement en ligne de mire.

Dans cette cartographie des Gilets jaunes, certains semblent avoir perdu en influence. Le Toulousain Benjamin Cauchy, par exemple, a fondé son organisation, baptisée « Les Citrons ». Mais seules 300 personnes environ le soutiennent sur Facebook. De son côté, la Bretonne Jacline Mouraud avait contribué à fédérer les Gilets jaunes au début du mouvement. Mi-octobre, sa vidéo coup de gueule avait été vue plus de 6,2 millions de fois. Mais depuis, ils semblent avoir perdu leur force de frappe. Sur les réseaux sociaux, beaucoup leur reprochent leur surexposition médiatique. Certains Gilets jaunes critiquent également Jacline Mouraud pour avoir condamné les violences et appelé à une trêve.

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