Le Gilet jaune Eric Drouet attire toute l’attention médiatique et politique ces derniers jours, ce qui lui vaut quelques critiques. Il assure pourtant n’être qu’un membre du mouvement parmi d’autres.
On ne parle plus que de lui. Après son arrestation à Paris mercredi soir, les médias et les réseaux sociaux n’avaient d’yeux jeudi que pour un seul Gilet jaune : Eric Drouet. Quelques jours plus tôt, c’est également à ce père de famille de 33 ans que Jean-Luc Mélenchon avait exprimé sa « fascination ». Et même si sur Facebook et devant les caméras, ce chauffeur routier de Melun répète qu’il n’est pas le meneur du mouvement des Gilets jaunes, force est de constater que depuis quelques jours, il est désormais le seul à attirer la lumière parmi eux.
Un des initiateurs du mouvement
La situation d’Eric Drouet ne doit rien au hasard, il est en effet l’un des initiateurs de la première mobilisation du 17 novembre. Mais depuis un mois, le Gilet jaune n’a cessé de gagner du terrain par rapport aux autres figures du mouvement, en profitant parfois de leurs erreurs ou de leurs faiblesses :
Jacline Mouraud, qui se démultipliait sur les plateaux télé, est aujourd’hui mise au ban du mouvement, notamment parce qu’elle a appelé à une « trêve » après les annonces d’Emmanuel Macron le 10 décembre.
Benjamin Cauchy, proche de Jacline Mouraud, a lui aussi fait les frais de sa modération et a été critiqué, comme elle, pour ses « ambitions personnelles ». Eric Drouet ironisait début décembre de ne les voir qu’à la télévision et pas dans les « manifs » à Paris : « C’est pourtant si proche de BFM. »
Maxime Nicolle, alias Fly Rider, a lui aussi perdu quelques plumes dans la bataille après sa rencontre avec le controversé Etienne Chouard, mais surtout lorsqu’il a émis des doutes sur les circonstances de l’attentat de Strasbourg.
Priscillia Ludosky, autre initiatrice du mouvement, reste quant à elle plus discrète.
Eric Drouet n’est pourtant pas épargné par les polémiques : il a appelé à « rentrer dans l’Elysée », début décembre, sur BFMTV. Une sortie qui lui vaut d’être visé par une enquête pour « provocation à la commission d’un crime ou d’un délit » et « organisation d’une manifestation illicite ». Mais la perquisition menée à son domicile le 7 décembre a renforcé le soutien des Gilets jaunes, tout comme ses interpellations à Paris le 22 décembre et mercredi.
Eric Drouet a d’ailleurs confirmé jeudi soir en direct sur Facebook qu’il avait provoqué son arrestation de la veille : « C’est nous qui avons fait ça pour en arriver là. » Frank Buhler, un temps porte-parole du mouvement, l’a accusé de vouloir « se donner l’image d’un martyr » et espérer être « reconnu comme chef. »
Des stratégies différentes
Fondateur du plus gros groupe Facebook de Gilets jaunes, « La France en colère!!! » (341.000 membres), le chauffeur routier dispose d’une influence sans commune mesure au sein du mouvement. Suffisant pour faire cavalier seul? Mercredi soir à Paris, ni Maxime Nicolle ni Priscillia Ludosky n’étaient présents à ses côtés. Une semaine plus tôt, il s’était déjà rendu sur les Champs-Elysées, accompagné d’un petit groupe de Gilets jaunes, mais là encore, sans les deux autres figures du mouvement. Et quand ces derniers manifestaient en régions (à Marseille ou près de la frontière espagnole) au mois de décembre, Eric Drouet privilégiait encore Paris.
Cette situation ferait-elle des vagues parmi les leaders du mouvement? Le groupe Facebook « Gilets jaunes officiel d’Eric Drouet, Priscillia et Fly rider », qui voulait réunir l’ensemble du mouvement, ne s’appelle plus désormais que « Gilets jaunes officiel d’Eric Drouet ». Et comme le soulignait le journaliste de Libération Vincent Glad sur Twitter, l’arrestation de ce dernier mercredi n’a pas été évoquée par Maxime Nicolle. Plusieurs Gilets jaunes lui ont d’ailleurs fait remarquer sur Facebook : « Un mot pour Eric Drouet aurait été sympa, depuis un moment j’ai plus l’impression que lui est dans l’action et toi dans l’intendance », commentait un Gilet jaune. Maxime Nicolle a finalement relayé jeudi soir le communiqué de l’avocat d’Eric Drouet, sans un mot de plus.
Ces derniers jours, Eric Drouet a indiqué plusieurs fois ne pas être « en accord » sur tous les sujets avec Maxime Nicolle et Priscillia Ludosky. Jeudi en fin de journée, cette dernière a publié sur Facebook une lettre ouverte confirmant l’organisation de l’acte 8 des Gilets jaunes samedi à Paris, à 14 heures. Un texte également partagé par Maxime Nicolle dans la foulée, mais qu’Eric Drouet n’a toujours pas commenté sur Facebook, bien qu’il ait déjà posté une dizaine de messages sur le groupe « La France en colère!!! » depuis. Dans une vidéo en direct, jeudi soir, il déclarait qu’il serait vraisemblablement absent, samedi.