Une « épidémie de coups d’État » sévit, a constaté le président français Emmanuel Macron lors d’une conversation avec des ambassadeurs français lundi dernier. À peine deux jours plus tard, la victime suivante a été touchée. Après le Burkina Faso, le Mali et le Niger, c’est maintenant au tour du Gabon d’être la cible de militaires qui tentent de renverser leur président par un coup d’État.
Le gouvernement français suit les événements au Gabon avec la plus grande attention, a réagi la Première ministre Élisabeth Borne immédiatement après l’annonce. La France condamne le coup d’État et appelle au respect du résultat des élections du week-end dernier, où le président Ali Bongo a été réélu.
La France entretient des liens solides avec le Gabon, comme avec presque toutes les anciennes colonies en Afrique depuis leur indépendance. Sous l’appellation « Françafrique », un système soigneusement élaboré de moyens politiques, militaires et financiers a été mis en place après la colonisation, permettant à la France de maintenir son influence sur le continent et de protéger ses propres intérêts.
Depuis l’indépendance du Gabon en 1960, la France est présente dans le pays avec des troupes militaires et une base propre. Actuellement, environ 350 militaires français sont stationnés au Gabon. Ils fournissent un soutien logistique aux interventions militaires françaises dans la région et participent à la formation des armées régionales. Cet été, il a été annoncé que la France se prépare à retirer une partie de ses troupes du Gabon (ainsi que du Sénégal et de la Côte d’Ivoire) et souhaite mettre l’accent sur des bases gérées conjointement.
De plus, de nombreuses entreprises françaises sont actives notamment dans le secteur pétrolier (TotalEnergies) et l’exploitation minière, où l’entreprise Eramet a annoncé mercredi la suspension temporaire de ses activités. Mais aussi dans le commerce du bois, le transport et les infrastructures, les entreprises françaises occupent une position importante. Selon un rapport du Sénat français plus tôt cette année, la France serait le principal partenaire commercial du Gabon.
C’est précisément dans la capitale gabonaise, Libreville, que le président Macron a annoncé plus tôt cette année la fin de la Françafrique, faisant référence à l’ingérence française dans les affaires intérieures de ses anciennes colonies et aux liens souvent douteux entretenus par la France avec les chefs d’État africains. Macron a visité le pays en mars dans le cadre d’un sommet sur la préservation des forêts tropicales en Afrique, organisé conjointement par la France et le Gabon.
« La France est au Gabon, comme ailleurs, un interlocuteur neutre dont le rôle n’est pas de s’immiscer dans les affaires intérieures », a déclaré Macron à l’époque. Néanmoins, son dîner avec le président Ali Bongo a été critiqué par l’opposition au Gabon. En période électorale, la visite pourrait être interprétée comme un soutien politique au président, réélu en 2016 dans des circonstances contestées. Une interprétation que Macron a réfutée : sa visite était « un témoignage de son amitié et de son appréciation pour un peuple et un pays frères ».