Dans le cadre de l’étude RéAnimal, des chiens vont être mis au contact de personnes hospitalisées en réanimation à l’Hôpital Edouard-Herriot à Lyon. Objectif : valider les bénéfices de la thérapie assistée par l’animal sur l’anxiété de ces patients.
« La réanimation est une épreuve, une secousse, un traumatisme dans la vie d’un patient. Elle entraîne vulnérabilité, fragilité, anxiété, parfois handicap, syndrome post-traumatique. La présence d’un chien peut être bénéfique », explique Guillaume Petit, médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Edouard-Herriot en charge du projet RéAnimal.
Ce projet, soutenu par la Fondation des Hospices civils de Lyon (HCL), vise à valider scientifiquement les bénéfices de la thérapie assistée par l’animal sur les troubles anxieux, chez des patients en phase de stabilisation en services de soins critiques (Service Réanimation chirurgicale et Unité de Surveillance Continue chirurgicale de l’hôpital). « Il s’agit de patients confrontés au plus haut niveau de soins et dont le pronostic vital est menacé. »
UNE INTERACTION LIBRE AVEC LE CHIEN
La phase expérimentale commencera dans quelques semaines. 56 patients éligibles et volontaires seront répartis en deux groupes : l’un exposé au contact de l’animal, l’autre non. Un questionnaire d’anxiété sera remis avant et après la séance. Une séance de 20 minutes, dans une salle de l’hôpital, en présence d’un étudiant en école de vétérinaire et de son chien, d’un membre du personnel médical et d’un membre de sa famille s’il le souhaite.
« Le patient est accablé par les soins, en permanence isolé dans une pièce, sous électrodes, cathéters, etc. Ce sera alors pour lui l’occasion de s’aérer l’esprit avec un chien. Il sera en interaction libre : il pourra par exemple le caresser. Pendant ma thèse sur le sujet, j’ai mené un travail de recherche, fait des études de faisabilité et notamment constaté l’enthousiasme des patients et du personnel soignant de l’hôpital », précise Guillaume Petit. « La médecine a fait des progrès considérables sur le plan technique. La prise en compte de l’amélioration du confort est également importante. La thérapie assistée par l’animal est un outil d’humanisation des soins. Cette interaction sera mémorable pour les participants. »
UN PROTOCOLE STRICT POUR LES RÈGLES DE SÉCURITÉ
Pendant sa thèse, le médecin a également mis au point un protocole strict pour les règles de sécurité qui prévoit notamment de pallier les trois risques potentiels – infectieux, allergiques, physiques (morsures de chien, etc.) – en cas de médiation animale. Le développement de cette thérapie passe également par la preuve que ces risques peuvent être contrôlés par l’application de protocoles rigoureux. Dans ce cadre, l’école de vétérinaire de Marcy l’Étoile participe au projet et la direction des HCL ainsi que le Comité de lutte contre les maladies nosocomiales ont dû valider le projet avant toute expérimentation. Bilan global d’ici deux ans.
« La relation homme-chien est ancienne, puissante. La domestication du chien remonte à plus de 10 ou 15 mille ans. Freud consultait parfois avec son chien et constatait que les enfants étaient alors plus réceptifs. L’hôpital gériatrique des Charpennes à Lyon accueille également un chien. À ma connaissance cette évaluation est faite pour la première fois en soin intensif avec un protocole scientifique aussi strict. »
Passionné par ce projet, Guillaume Petit espère que les résultats de l’étude permettront d’aller plus loin. « J’aimerais que cette thérapie soit proposée de façon systématique en réanimation, voire envisager de la proposer en soin de suite et réadaptation et même la généraliser à d’autres services. »