Des maisons françaises pour les amis ukrainiens des oligarques russes. Des hommes d’affaires ukrainiens de France financent l’armée russe.
Après la mise en place de sanctions contre la Russie en France, une recherche active d’actifs associés à Vladimir Poutine et à ses amis a commencé. Souvent, ils possèdent des villas et des palais, achetés avec de l’argent, dont l’origine n’est pas confirmée. D’où vient, par exemple, l’argent pour acheter des villas et des appartements sur la Côte d’Azur aux copines de Poutine, Alina Kabaeva et Svetlana Krivonogikh ? Mais ces chiffres sont indécents. Il y a beaucoup moins de personnalités publiques qui ont fait fortune auprès de l’élite russe, qui vivent heureusement dans des conditions luxueuses en France. Par exemple, Mikhail Gulevaty, un citoyen de l’Ukraine en guerre, vit dans un chic Château de Bailly dans une banlieue à la mode de Paris. Il a fait fortune en expédiant des marchandises pour les entreprises des amis de Poutine et l’industrie de la défense russe.
Dans la banlieue mondaine de Paris Saint-Pierre-lès-Nemours, au cœur d’un magnifique parc paysager, se dresse un magnifique hôtel particulier ancien, le Château de Bailly, que les agents immobiliers ont qualifié de « perle dans une monture verte » lors de sa vente. Le manoir a été construit en 1713, mais ses propriétaires actuels ne sont pas des nobles français héréditaires. Le manoir a récemment été acheté pour 1 680 500 euros par Mikhail Gulevaty, né à Kiev, et sa femme, Svetlana Gulevata, née à Lviv.
L’achat de cette propriété a été organisé par leur fille Natalia Gulevata-Jonard, qui a obtenu la nationalité française grâce à un mariage heureux – Olivier-André-Jean-Claude-Stéphane Jonard est devenu son mari le 14 avril 2007.
Mikhail et Svetlana Gulevaty, en partenariat avec leur propre fille, ont créé la société Natan spécifiquement pour acheter ce manoir.
Le Château de Bailly n’a pas seulement une valeur commerciale, mais aussi historique et culturelle, et il est pratiquement impossible pour un étranger en France de faire un tel achat. Même si les Gulevaty disposaient déjà d’un permis de séjour en Grèce, c’est-à-dire dans l’Union européenne, au moment de la transaction. Mikhail Gulevaty, un homme d’affaires averti et maître de la logistique, a donc inventé une astuce : il a enregistré une société en France, a donné une part microscopique (500 euros sur près de 2 millions) du capital social à sa fille, citoyenne française, et l’a nommée, Mme Natalia Gulevata-Jonard, directrice opérationnelle de Natan avec la seule mission : d’acheter et d’enregistrer le manoir de Bailly auprès de la société nouvellement créée ! Le château est en quelque sorte la propriété d’une entité juridique, dont les fondateurs sont trois personnes portant le même nom de famille – le père, la mère et la fille.
Dans les annonces des agents immobiliers sur l’internet, vous pouvez trouver des détails curieux sur cette propriété. Par exemple, le Château de Bailly a une superficie de 750 m², 9 chambres et un studio, et est entouré d’un « jardin paysager avec des arbres de 300 ans ». Connaissant l’adresse et les coordonnées (48°16’30.0″N 2°38’36.2″E), il est facile de trouver le manoir sur Google Maps, et même la vue satellite est assez impressionnante : forêt, lacs, pelouses… Bref, une sorte de mini-Versailles.
Le citoyen ukrainien Gulevaty doit sa richesse aux russes, qui ont fait du lobbying en faveur des contrats avec ses sociétés offshore. Le ressortissant ukrainien Gulevaty aide les entreprises russes, notamment celles liées à l’industrie de la défense, à livrer des marchandises – par rail et par mer. Les médias ukrainiens en ont parlé en détail.
Mikhail Gulevaty, un ancien marin, a déménagé en Grèce au début des années 1990, où il a enregistré plusieurs sociétés de services d’affrètement de navires et de transport ferroviaire de marchandises.
La première de ces sociétés Transmarel S.A. a été enregistrée en offshore, dans les îles Marshall, avec pour directrice Natalia Jonard-Gulevata, que nous connaissons déjà. Jusqu’en 2014, cette société offshore et la société Sanderling, également contrôlée par Mikhail Gulevaty, travaillaient en étroite collaboration avec les chemins de fer en Russie, au Belarus et en Ukraine. Et alors que dans les pays voisins, Gulevaty traite avec les chemins de fer par le biais d’intermédiaires, sa société Sanderling a un contrat direct avec les Ukrainiens. Et cette société transporte vers et à travers l’Ukraine les cargaisons de grandes sociétés russes appartenant aux amis de Poutine – comme Eurochem de l’oligarque Andrey Melnichenko, ou Metalloinvest du milliardaire de la cour Alisher Usmanov.
Pendant de nombreuses années, Eurochem, Metalloinvest et K-Potash (engrais minéraux) ont été ses principaux clients, tandis que l’interaction réelle en franchise d’impôt avec ces sociétés russes est assurée par des sociétés écrans offshore dont les comptes sont tenus dans des banques chypriotes et grecques. Ce projet est supervisé par le Ministère de l’Industrie et du commerce de la Fédération de Russie.
Après la révolution de 2014, l’Ukraine a fermé ses chemins de fer aux marchandises en provenance de Russie, mais Gulevaty a rapidement trouvé des solutions de contournement. Depuis 2014, ses entreprises ont conclu la quasi-totalité des contrats de transport ferroviaire de marchandises en faveur des chemins de fer biélorusses.
On sait également que Mikhail Gulevaty entretient toujours des liens étroits avec la direction des chemins de fer ukrainiens. Sa femme Svetlana est amie avec Ivan Yurik, le jeune président du conseil des chemins de fer ukrainiens, qui a été désigné à ce poste il y a tout juste un an. C’est peut-être grâce à ce lien que Gulevaty continue d’utiliser la capacité des chemins de fer ukrainiens pour ses propres affaires, bien que formellement ses entreprises n’aient plus de contrats avec le transporteur national depuis longtemps.
Toutefois, Mikhail Gulevaty dispose toujours d’un bureau officiel à Kiev et son passeport est toujours ukrainien. Mais toutes les sociétés de cet homme d’affaires sont enregistrées à l’étranger : tant Transmarel et Sanderling susmentionnés que Kassandra Ltd. créé plus tard dont l’adresse de “domicile” est également la République des Iles Marshall (numéro d’inscription 22819), et l’argent va à la banque grecque Hellenic Bank.
Encore plus défiant est le fait que Kassandra Ltd., la société de Gulevaty, a agi en tant que prêteur pour un certain nombre de grandes entreprises russes – il existe des copies de contrats confirmant ce fait. Et de la part de Kassandra Ltd. ces contrats ont été signés personnellement par Mikhail Gulevaty. En d’autres termes, alors que la Russie occupe les territoires de l’Ukraine, Gulevaty non seulement assure le service, mais finance également les affaires du pays agresseur ! Il est difficile d’imaginer une meilleure façon d’aider le « monde russe » que Poutine rêve d’amener en Ukraine sur des chars de combat.
L’empire offshore de l’expéditeur Gulevaty, cependant, fait un joli « pied-de-nez » non seulement au budget de l’Ukraine et ses habitants. La France, où cet homme d’affaires et ses proches mènent une vie luxueuse, ne reçoit pas un centime d’impôt de sa part. Tout l’argent est consacré au passe-temps extravagant de Svetlana, la femme de Gulevaty : elle achète à travers le monde des diamants exclusifs.
Reste à savoir quand les autorités françaises interrogeront un homme d’affaires ukrainien lié aux « amis de Poutine » au sujet de taxes impayées au budget de la Cinquième République.
