Lundi soir, Tariq Ramadan est venu assister à une réunion publique consacrée à la « lutte contre les violences envers les femmes au quotidien » à Saint-Denis. Les élus et les interlocuteurs présents dénoncent une « provocation » de la part de celui qui est mis en examen pour viols. Tariq Ramadan a réagi dans l’après-midi et « s’excuse si sa présence a heurté’.
La mairie de Saint-Denis dénonce des « provocations ignobles ». Tariq Ramadan, qui est mis en examen pour deux viols, s’est rendu lundi soir en famille à une réunion publique consacrée à la « lutte contre les violences envers les femmes au quotidien », organisée dans la salle des mariages de la ville dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes – qui dure deux semaines dans cette commune de région parisienne. Sa présence inattendue a entraîné une « petite agitation dans les couloirs », explique au JDD l’élue chargée d’animer le débat, Sonia Pignot, qui dénonce une « provocation ».
L’autre organisateur du débat, Madjid Messaoudene, exprime également son « dégoût » face à la présence de l’islamologue. « Il lui a été demandé 30 fois de partir. Sa présence gênait, elle était inconvenante. C’est une provocation de sa part, mais on ne pouvait pas le forcer à quitter la salle et il n’y avait pas de filtrage à l’entrée », poursuit le conseiller municipal en charge de l’égalité femme – homme et de la lutte contre les discriminations.
« J’ai introduit la conférence. Les femmes étaient gênées par sa présence. Je ne pouvais pas ouvrir la réunion sans lui signifier qu’il n’était pas le bienvenu », relate encore Sonia Pignot adjointe à la culture et au patrimoine. Installé dans l’assistance, Tariq Ramadan, qui habite à Saint-Denis, à quelques centaines de mètres de la mairie depuis sa libération conditionnelle mi-novembre, n’a pas pris la parole. « Il n’a pas dit un mot. » Contrairement à sa fille, présente à ses côtés, qui l’a défendu, rappelant que l’enquête était en cours.
Sa fille a pris la parole pour le défendre
La réunion étant publique, impossible de lui demander davantage. « Si on avait été plus virulent, tout le bénéfice aurait été pour lui. Mais on ne pouvait pas faire comme si de rien n’était non plus », ajoute Sonia Pignot. Au bout de 45 minutes, après une minute de silence aux victimes de l’acte terroriste de Nouvelle-Zélande, Tariq Ramadan a quitté la salle. « Au moment, où il n’était plus au centre de l’attention. Il est venu provoquer pour se faire plaisir », dénonce-t-on à la municipalité, jointe par le JDD.
« Ni la municipalité ni les participant.e.s n’avaient invité monsieur Ramadan à venir ni même souhaité sa présence », écrit la municipalité (PCF) dans son communiqué, rappelant qu’il n’est cependant « pas possible de faire sortir par la contrainte physique un participant à une réunion publique ».
Présence légale, mais « provocation »
Fallait-il annuler la réunion publique à cause de sa présence? La question a été posée. Certaines femmes ont préféré quitter la salle ; mais « la majorité est restée », raconte Sonia Pignot. « Elles ne voulaient pas lui laisser une victoire de plus », ajoute-t-on à la ville. « Je pense qu’il cherchait une petite présence médiatique, il savait que ça allait faire le buzz », analyse l’élue. « Il n’était pas question d’empêcher les femmes de parler », ajoute Madjid Messaoudene. « Les gens qui sont restés dans la salle ne sont pas plus complaisant avec Tariq Ramadan que ceux qui sont partis pour protester », glisse l’élu. Accusé sur les réseaux sociaux d’avoir invité celui qui est mis en examen pour viol, il s’insurge : « C’est faux! Il est venu de lui-même. Et je n’ai jamais soutenu Tariq Ramadan, j’ai toujours soutenu les femmes qui ont porté plainte. »
Invitée à débattre à la tribune, Anaïs Bourdet, la créatrice de « Paye ta Shneck », qui recense des témoignages de harcèlement sexiste dans l’espace public, a réagi mardi sur Twitter :
Paye Ta Shnek
@PayeTaShnek
J’étais hier au débat sur les violences faites aux femmes à la mairie de Saint Denis sur invitation de @MadjidFalastine. J’affirme que Tariq Ramadan n’était PAS INVITÉ, par qui que ce soit. Stop bullshit !
ent » : « Bien que sur le plan de la légalité, son droit de rester à une réunion publique est couvert, son départ aurait été honorable, honorable et souhaité au nom de la morale et au nom du respect dû aux femmes en inconfort devant sa présence. Bien que cette présence eu été silencieuse, elle a suffi à faire partir certaines femmes et cela n’est pas acceptable », écrit-il également.
Dans l’après-midi, Tariq Ramadan a commenté l’événement sur Facebook. Un post relayé par sa fille sur Twitter. Dans celui-ci, il demande le respect de la « présomption d’innocence » et affirme qu’il ne s’attendait « pas à telles réactions ». « Je suis resté discret et silencieux », explique-t-il. Il présente malgré tout ses excuses et ses regrets « si [sa] seule présence a heurté les sentiments de certain(e)s participant(e)s à cette table ».
Maryam Ramadan
@BintBattuta13
Mairie de St- Denis @StDenisPresse et @LaurentRussier, la présomption d’innocence existe et doit être respectée. Même et surtout dans l’Hôtel de Ville de St Denis. #Justice4TR