Début Economie Pourquoi la baisse du prix du pétrole est une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais pas pour le climat

Pourquoi la baisse du prix du pétrole est une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais pas pour le climat

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Le baril de pétrole a atteint son niveau le plus bas depuis l’automne 2017. Un coup de pouce pour le pouvoir d’achat des ménages, mais un frein pour la transition écologique.

Un (petit) cadeau de Noël pour les consommateurs. Le prix du pétrole n’en finit pas de chuter, après un pic au mois d’octobre lors duquel il avait atteint son plus haut niveau depuis quatre ans. Lundi, juste avant la trêve de Noël, le WTI (West Texas Intermediate) et le Brent, les deux cours de référence cotés à New York et à Londres, ont accusé une lourde perte, respectivement de 6,7% et 6,2%. Déjà, les semaines précédentes, les cours avaient baissé. Désormais, le baril de WTI s’établit à 42,53 dollars et celui du Brent à 50,47 dollars.

Pour trouver du pétrole aussi bon marché, il faut remonter à l’automne 2017. La récente décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire la production pour soutenir les prix n’y a rien fait : les cours se grippent. L’offre est abondante – Etats-Unis, Russie et Arabie Saoudite produisent à plein régime – tandis que les nuages s’accumulent sur l’économie mondiale, et que les marchés boursiers connaissent une année noire. La faute, entre autres, aux tensions géopolitiques et commerciales liées à l’imprévisible cyclone Donald Trump.

Le prix d’un litre d’essence a diminué de 9,55% en deux mois
Deux mois après la première mobilisation des Gilets jaunes, au départ contre la hausse des taxes sur le carburant, cette baisse est plutôt une bonne nouvelle pour les consommateurs. En particulier pour les quelque 70% de Français qui, selon l’Insee, se rendent au travail en voiture. Car, dans son plongeon, le prix du pétrole entraîne avec lui celui de l’essence. Pour le moment, cette baisse est peu visible. Du moins, pas dans les mêmes proportions. Depuis le 5 octobre dernier, le prix à la pompe d’un litre de SP95 a diminué de 9,55% (passant de 1,57 euro le litre à 1,42 euro au 21 décembre). Celui du diesel a perdu 7,2% environ (de 1,52 euro à 1,41 euro).

On est loin de la chute subie par le cours du pétrole en deux mois (environ moins 40%). Pourquoi? Notamment parce que le pétrole brut ne représente qu’une faible part du prix du carburant : 26,8% pour un litre de super. De leurs côtés, distributeurs et transporteurs tardent parfois à répercuter les baisses de prix, pour soigner leurs marges et lisser les évolutions. Il n’empêche, avec un temps de décalage, la baisse du prix du pétrole représente un petit pécule en plus pour le pouvoir d’achat des ménages. En 2016, toujours selon l’Insee, le carburant représentait 2,1% de leurs dépenses.

Composition d’un litre de SP95
Infogram
Un pétrole bon marché décourage les velléités écologiques
Mais sur le front climatique, la baisse des prix du pétrole et du carburant assombrit un peu plus l’horizon. Côté consommateurs, une essence plus abordable signifie qu’acheter un véhicule plus propre ou modifier ses modes de déplacement devient tout à coup moins urgent et moins utile. Acquérir un modèle SUV ou faire quelques kilomètres de plus plutôt que d’emprunter son vélo peut-être plus tentant.

Côté industriels, ce prix bas est une aubaine pour les transporteurs routiers ou les compagnies aériennes. Plus largement, pourquoi investir dans les énergies renouvelables et innover vers une économie plus verte, quand le pétrole est bon marché? D’autant que l’or noir est partout. En carburant pour les moteurs, en matière première pour des produits aussi varié que l’asphalte, les t-shirts en polyester ou encore les rouges à lèvres. Et puis, surtout, le plastique.

Par ricochet, le secteur du plastique recyclé risque de pâtir de la chute du baril. Selon Les Echos, avec la chute du baril, le plastique recyclé devient plus cher que son homologue sorti d’usine. A court terme, c’est autant d’incitations en moins pour que les industriels adoptent un comportement plus vert.

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