Lors d’une rencontre avec les élus de la région Grand Est, Emmanuel Macron a de nouveau appelé mardi à cesser les violences en marges des manifestations des Gilets jaunes le samedi.
C’est le président Les Républicains (LR) du Grand Est, Jean Rottner, l’a apostrophé mardi sur la nécessité pour l’Etat de « faire preuve d’autorité » après 15 samedis de mobilisation de Gilets jaunes. Emmanuel Macron, qui rencontrait les élus de cette région pour rendre compte des doléances des citoyens dans le cadre du grand débat, a aussitôt appelé à la « clarté » sur les manifestations qui dégénèrent. « Il faut maintenant dire que lorsqu’on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire », a ajouté le chef de l’Etat.
« C’est un miracle qu’après autant de samedis avec cette violence, il n’y ait eu aucun mort à déplorer de la part des forces de l’ordre », a encore souligné le Président qui recevait les élus locaux à l’Elysée.
Emmanuel Macron récuse l’idée d' »une démocratie de l’émeute »
Certes, une femme de 80 ans est morte le 3 décembre 2018 à Marseille, au cours d’une opération chirurgicale après avoir été blessée la veille au visage par des éléments d’une grenade lacrymogène, qui l’avaient heurtée alors qu’elle fermait les volets de son appartement. Mais, selon le parquet, le « choc facial » subi du fait du projectile tiré par les forces de l’ordre n’avait pas été à l’origine du décès de cette personne.
Jamais l’Etat ne s’est autant collectivement mobilisé face à un mouvement de ce type
« Nous ne pouvons, de manière raisonnable, pas interdire les manifestations », a toutefois reconnu Emmanuel Macron, en invoquant la Constitution. Une référence sans doute à la loi anti-casseurs dont l’article 2, qui donne la possibilité à une autorité administrative d’interdire à une personne de manifester pendant un mois et sur tout le territoire, pourrait faire l’objet d’un recours devant le Conseil constitutionnel.
« Par contre, il faut un message clair de tout le monde » pour dénoncer la violence, a-t-il ajouté, en déplorant qu' »il n’y ait pas toujours eu cette clarté ». « A côté de ça, la vitalité, la force, le caractère incontestable de la demande légitime de millions de Français qui ont pu participer ou être sympathisants de ce mouvement est pleinement reconnu. Je l’ai reconnu moi-même le 10 décembre et il est reconnu par l’implication qui est la nôtre. Jamais l’Etat ne s’est autant collectivement mobilisé face à un mouvement de ce type », s’est-il félicité.
Selon lui, « la place doit être au débat, à la réponse démocratique, et elle sera ensuite dans les urnes ». « Nous ne pouvons pas être dans une démocratie de l’émeute », a-t-il insisté.
Faire de la baisse de la fiscalité « une priorité »?
Lors de la rencontre de mardi, Emmanuel Macron a également évoqué les propositions fiscales avancées dans le cadre du grand débat. S’il ne s’est pas prononcé sur l’idée, formulée par Jacqueline Gourault dans le JDD, de faire payer l’impôt sur le revenu à tous les Français, il a noté que « nos concitoyens sont très attachés aux solidarités financées par l’impôt dans notre pays ».
Le chef de l’Etat s’est toutefois déclaré « plutôt favorable » à faire de la baisse de la fiscalité « une priorité ». « J’ai pris dans la campagne de 2017 des engagements de réduire le niveau de fiscalité, ça fera partie des grands choix macroéconomiques de cette sortie de débat », a résumé Emmanuel Macron.
Est-ce que la baisse de la fiscalité devient une priorité et avec elle sa simplification? Moi, je suis très ouvert à cela
« Est-ce qu’il faut aller plus vite, est-ce qu’il faut plus rapidement baisser la fiscalité, quitte à accepter une certaine baisse de dépenses supplémentaire, des ajustements? Est-ce que la baisse de la fiscalité devient une priorité et avec elle sa simplification? Moi, je suis très ouvert à cela, plutôt favorable à aller en ce sens », a-t-il développé.
Emmanuel Macron a aussi estimé qu’il n’était pas possible de revenir à une « augmentation automatique » de la taxe carbone, à l’origine du mouvement des « gilets jaunes », au vu des « incertitudes » sur les cours mondiaux du pétrole. Selon lui, « on doit être pragmatique », évoquant la possibilité d’une « taxation qui varie en fonction des cours mondiaux » pour amortir d’éventuelles fortes hausses à la pompe.
Le chef de l’Etat assure être « à l’écoute des collectivités »
Emmanuel Macron a aussi été interpellé par François Baroin, le maire LR de Troyes (Aube) et président de l’Association des maires de France. Ce dernier a interrogé le Président sur les difficultés fionancièers des collectivités locales.
« Il faut nous lâcher les baskets, a renchéri Jean Rottner. Nous comprenons les contrôles, mais nous refusons de plus en plus les contraintes qui s’imposent à nous. » Emmanuel Macron leur a répondu qu’il souhaitait accélérer « la déconcentration » de l’Etat. « Je suis à l’écoute des collectivités », a-t-il ajouté, en les appelant à « faire des propositions de réforme ».