Le coup d’État militaire au Niger inquiète l’Europe pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles est l’uranium, la matière première utilisée pour la production d’énergie nucléaire. Le Niger est l’un des plus grands fournisseurs d’uranium à l’UE. L’approvisionnement est-il en danger ?
L’uranium est le principal produit d’exportation du Niger. À l’échelle mondiale, le pays occupe la cinquième place parmi les pays producteurs. L’Union européenne dépend principalement de l’uranium provenant du Niger. Le pays d’Afrique de l’Ouest fournit plus d’un quart de l’uranium européen. En 2021, il était toujours le plus grand fournisseur de l’UE. L’année dernière, il a été dépassé par le Kazakhstan.
L’uranium du Niger est utilisé pour fabriquer du combustible pour plus de cent réacteurs nucléaires dans treize pays européens. La moitié de ces réacteurs se trouve en France, le pays possédant le plus grand parc de centrales nucléaires en Europe.
Dépendance
L’uranium est donc l’un des facteurs qui lie la France à son ancienne colonie depuis des décennies. Il n’est donc pas surprenant que le président français Emmanuel Macron menace « d’intervenir contre toute attaque contre les citoyens français et les intérêts français au Niger ». Outre des intérêts géostratégiques, la France a également d’importants intérêts économiques au Niger.
L’entreprise publique française Orano (anciennement Areva) exploite depuis plus de 50 ans deux mines d’uranium dans le nord du Niger. L’une d’entre elles a été récemment fermée, mais la deuxième est toujours en activité. Orano affirme qu’il surveille de près la situation sécuritaire au Niger.
En raison de l’instabilité politique dans la région, la France affirme avoir diversifié de plus en plus ses sources d’approvisionnement ces dernières années. Selon le ministère français de la Transition écologique, le pays dispose de différentes sources d’approvisionnement en uranium.
Risque d’approvisionnement ?
La Commission européenne se veut également rassurante. Elle affirme ne pas s’attendre à des problèmes d’approvisionnement en uranium dans l’Union européenne, en raison des stocks déjà constitués.
« Il n’y a aucun risque d’approvisionnement pour l’UE », déclare un porte-parole de la Commission. « Les opérateurs de l’UE disposent de suffisamment de stocks d’uranium naturel pour limiter tout risque d’approvisionnement à court terme. À moyen et long terme, il y a également suffisamment de matériaux sur le marché mondial pour répondre aux besoins de l’UE. »
Cependant, l’instabilité au Niger survient à un mauvais moment pour l’UE, qui était en train de réduire sa dépendance à l’égard de l’uranium provenant de Russie, également un fournisseur important. En 2021, un quart de l’uranium européen provenait encore du Niger. La Russie était le troisième fournisseur, représentant plus de 16 pour cent.
Répartition de l’uranium européen par pays d’origine (chiffres de 2021) :
- Niger – 24,3 pour cent
- Kazakhstan – 22,9 pour cent
- Russie – 16,7 pour cent
- Australie – 15,5 pour cent
- Canada – 14,3 pour cent
En 2022, le Niger était le deuxième plus grand fournisseur d’uranium naturel dans l’UE, avec une part de 25,38 pour cent, après le Kazakhstan.
Répartition de l’uranium mondial par pays d’origine (chiffres de 2021) :
- Kazakhstan – 40,6 pour cent
- Australie – 12,8 pour cent
- Namibie – 11,3 pour cent
- Canada – 8,1 pour cent
- Niger – 7,6 pour cent
