Début Economie L’équilibre : les dominos qui tombent au Sahel ont des conséquences pour l’Europe

L’équilibre : les dominos qui tombent au Sahel ont des conséquences pour l’Europe

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Avec le coup d’État militaire au Niger, un autre pays du Sahel échappe une fois de plus à la sphère d’influence française. Des putschistes ont également pris le pouvoir au Burkina Faso et au Mali. Cela n’est pas sans conséquences pour l’Union européenne. La Russie cherche à combler le vide occidental en Afrique, y compris sur le plan économique. Les réserves d’uranium au Niger sont particulièrement convoitées. L’instabilité dans la région suivie d’une crise migratoire est un facteur de stress supplémentaire pour l’UE.

Ces dernières années, c’est devenu une image familière dans les pays du Sahel. Un militaire apparaît à la télévision pour annoncer la destitution d’un président élu. Cela s’est produit la semaine dernière au Niger, où le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, a été renversé par une junte militaire. En août 2020, la même chose s’est produite au Mali avec le président Ibrahim Boubacar Keita. Depuis, le colonel Assimi Goïta est au pouvoir. En janvier 2022, le président burkinabé Christian Kaboré a été destitué par le colonel Paul-Henri Damiba. Il a été remplacé quelques mois plus tard par un autre militaire : Ibrahim Traoré.

Ces trois événements ont été un sérieux revers pour le président français Emmanuel Macron. Les pays du Sahel font partie de la sphère d’influence française depuis des décennies, et la France a aidé les présidents élus dans leur lutte contre les milices djihadistes.

De plus, la Russie, avec la compagnie militaire privée Wagner, est de plus en plus présente dans la région et gagne en influence. Moscou ne dirige pas les coups d’État, mais il est connu que les Russes diffusent de la désinformation sur internet et alimentent les sentiments anti-occidentaux, notamment en dépeignant des pays comme la France comme des néocoloniaux. La Russie cherche ensuite à combler le vide créé par les grandes puissances occidentales. La présence militaire dans la région ne se limite pas à la France, car les États-Unis y sont également présents avec des troupes.

Des intérêts économiques importants sont également en jeu dans la région. Le Niger est l’un des cinq plus grands producteurs d’uranium au monde. Il fournit jusqu’à 25 % de l’uranium (2 900 tonnes) utilisé dans l’Union européenne, principalement pour la production d’énergie nucléaire. Jusqu’il y a quelques années, le Niger était même le plus grand fournisseur de l’UE, mais le Kazakhstan a pris cette place depuis.

Pour l’instant, il n’est pas question de suspendre les exportations d’uranium vers l’Europe. D’ailleurs, une des mines au Niger est détenue par la société d’État française Orano. Cependant, des perturbations dans l’exportation sont attendues dans le futur.

Les Russes observent cela avec satisfaction. Après la Chine, ils cherchent de plus en plus à attirer des pays africains. Cela a été démontré lors du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg fin juillet. Quarante-neuf pays africains y étaient représentés. Bien que seulement dix-sept chefs d’État aient été présents, le président russe Vladimir Poutine a pu marquer des points avec son sommet. Il promet notamment des livraisons de céréales aux pays africains et se dit également prêt à les soutenir militairement.

Cela rend les capitales européennes nerveuses. Ce qui se passe actuellement rappelle la guerre froide (1945-1989), où l’on croyait à la théorie des dominos. Un pays qui tombait sous la sphère communiste ou russe entraînerait à terme les pays voisins dans l’autre camp. C’est pourquoi les États-Unis et les pays européens n’avaient pas de problème à soutenir des dictateurs comme Mobutu (alors au Zaïre) ou à faire des affaires avec le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. C’était considéré comme un barrage contre le communisme.

En 2023, l’Occident se trouve dans une position plus faible. Une guerre est en train de se préparer dans la région, où les États-Unis et l’Union européenne ne sont que des spectateurs. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisage une intervention militaire contre les auteurs du coup d’État au Niger. La CEDEAO rassemble des pays au sud et à l’ouest du Sahel (Nigeria, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal, etc.) qui ne veulent pas de problèmes à leurs frontières. Les chefs d’État de ces pays craignent une déstabilisation accrue de la région et exigent le retour du président démocratiquement élu du Niger, Mohamed Bazoum, au pouvoir. Sinon, une guerre est à craindre.

Si une guerre éclate en Afrique de l’Ouest, l’Europe en ressentira les conséquences sous la forme d’une nouvelle crise migratoire. Comme on le sait, c’est un facteur de stress important chez nous, avec des garanties de tensions sociales et politiques.

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