Début Economie La Turquie d’Erdogan devient la grande gagnante après le retrait américain en Syrie

La Turquie d’Erdogan devient la grande gagnante après le retrait américain en Syrie

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Donald Trump a décidé d’externaliser le combat contre l’Etat islamique en le confiant à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Une bonne nouvelle pour le président turc, moins pour les milices kurdes qui ont aidé les Occidentaux à combattre l’Etat islamique.

En décidant de retirer ses troupes de Syrie, Donald Trump a offert un fabuleux cadeau de Noël à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, qui devient l’un des maîtres du jeu au Moyen-Orient. Ankara est déjà très influent dans le nord syrien, où il a déployé des forces et soutient des factions armées locales. La décision américaine laisse le champ libre aux ambitions de la Turquie, qui menace depuis la mi-décembre de lancer une nouvelle offensive contre la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG). L’organisation est classée groupe « terroriste » par Ankara, même si ses combattants ont été de précieux alliés de Washington dans la lutte antidjihadiste.

L’un des grands perdants est également Israël puisque la décision américaine laisse encore plus le champs libre à l’Iran et ses partenaires pour développer leurs capacités militaires en Syrie. La Russie de Poutine et la Syrie d’Assad ne peuvent aussi que se féliciter de cette décision, à la différence des Kurdes.

Donald Trump invité en Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est en tout cas montré reconnaissant envers Donald Trump. Lundi, il a invité son homologue américain à se rendre en Turquie en 2019. En attendant, « une délégation américaine va venir en Turquie cette semaine », avait déclaré plus tôt à la presse le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin. « Ils discuteront des moyens de coordonner (le retrait) avec leurs homologues turcs ».

Après un entretien téléphonique dimanche entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, la présidence turque a affirmé que les deux dirigeants avaient « convenu d’assurer la coordination entre les militaires, les diplomates et d’autres responsables de leurs pays pour éviter un vide du pouvoir qui pourrait résulter d’une exploitation du retrait [américain, NDLR] et de la phase de transition en Syrie ».

De son côté, Donald Trump a affirmé qu’il comptait sur Recep Tayyip Erdogan pour « éradiquer » l’EI, estimant que le groupe djihadiste était déjà « en grande partie vaincu ». « Le président Erdogan de Turquie m’a donné des assurances dans des termes très forts », a-t-il tweeté. « Nous avons la force nécessaire pour neutraliser l’EI seuls », a répété mardi le ministre des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu

La Turquie avertit la France

Renforçant la pression sur les YPG, désarçonnées par l’annonce de l’imminent retrait de leurs alliés américains, la Turquie a acheminé lundi de nouveaux renforts militaires à sa frontière avec la Syrie en préparation de l’offensive qui se profile, même si Recep Tayyip Erdogan a décidé d’y surseoir dans l’immédiat.

L’un des autres grands perdants de ce bouleversement géopolitique est la France qui voit sa stratégie de soutien aux Kurdes affaiblie par la décision américaine. Mardi, la Turquie a tenté de pousser ses pions pour inciter la France à cesser son soutien aux forces kurdes : « Ce n’est un secret pour personne que la France soutient les YPG. (Emmanuel) Macron a rencontré leurs représentants », a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, cité par l’agence étatique Anadolu, lors d’une rencontre avec des journalistes turcs.

« Nous n’avons pas d’information sur l’envoi de nouveaux soldats (français) mais ils maintiennent leur présence actuelle. S’ils restent pour contribuer à l’avenir de la Syrie, alors merci. Mais s’ils restent pour protéger les YPG, cela ne sera bénéfique pour personne », a-t-il averti.

La France participe à la coalition internationale conduite par les Etats-Unis contre les djihadistes en Syrie et en Irak. Elle a déployé son artillerie et son aviation. Selon plusieurs sources, des éléments des forces spéciales sont aussi présents au sol en Syrie, mais le gouvernement n’a jamais confirmé cette présence. Emmanuel Macron a affirmé dimanche « regretter profondément » la décision américaine, estimant qu’un allié « se doit d’être fiable ». La France a aussi affirmé qu’elle restait engagée dans la coalition anti-EI en dépit du retrait annoncé des troupes américaines de Syrie.

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