Le grand débat doit s’achever le 15 mars. Emmanuel Macron va maintenant devoir présenter ses solutions. Il y aura forcément des déçus.
Cette fois, Emmanuel Macron ne pourra pas refuser l’obstacle. Après avoir lancé le 10 décembre l’idée d’un grand débat qui lui a permis de s’offrir un peu d’oxygène politique, le temps des décisions arrive. Le grand débat se termine le 15 mars. Il sera suivi de conférences citoyennes auxquelles participeront des Français tirés au sort. Après cette séquence, il ne restera plus au chef de l’Etat qu’à annoncer ses propositions. I a promis fin janvier qu’il prendrait des décisions très importantes à l’issue du grand débat.
« Je pense qu’on ne sortira de ce débat qu’avec des décisions très fortes, puissantes, parce qu’on en a besoin, parce que moi j’ai été porté par une partie de cette colère et qu’on n’a pas été assez loin », a-t-il ainsi lancé lors d’un débat à Bourg-de-Péage. « Il doit y avoir des décisions très profondes, sur l’État, sur nos institutions, sur notre organisation collective », a-t-il ajouté. « On doit remettre de la décision sur le terrain, on doit sortir de structures aberrantes dans lesquelles on est resté et on doit changer le mode de formation de nos élites, y compris dans l’État. Je suis prêt à aller jusque-là. »
« Le risque déceptif est important quant à la sortie », a averti Edouard Philippe
Le problème pour Emmanuel Macron, c’est qu’il va forcément faire des déçus vu l’ampleur des sujets ouverts et les faibles marges de manoeuvre budgétaires de la France. Une partie des Français attend d’ailleurs d’Emmanuel Macron qu’il modifie largement sa politique économique et sociale. C’est en tout cas l’avis de 58% d’entre eux, selon un sondage Vivavoice pour Libération. Pour le moment, Emmanuel Macron n’a pas montré de signes indiquant qu’il était prêt à faire évoluer sa politique économique. Les Gilets jaunes, qui poursuivent leur mobilisation depuis 16 semaines, veulent, eux, profiter de la fin du grand débat pour relancer leur mouvement. La sortie de crise est donc encore loin d’être assurée.
Le Premier ministre Edouard Philippe est lui parfaitement conscient des risques politiques liés à cette sortie du grand débat. « Cette opération a bien pris. Le risque déceptif est important quant à la sortie », a ainsi averti mardi Édouard Philippe devant les députés En Marche. « Il faut préparer nos concitoyens à ce que les propositions à la sortie du grand débat national ne seront pas les réponses à toutes les remontées du grand débat », a-t-il insisté.
« Il est absolument inenvisageable que seul le président de la République ou le gouvernement puissent formuler des propositions » et « sur certains sujets, il y aura la construction de ‘process’, notamment avec les corps intermédiaires », au-delà des élections européennes de mai voire à la rentrée de septembre, a-t-il ajouté.
Quelle est la meilleure manière de sortir du grand débat?
Selon un ministre rencontré la semaine dernière par le JDD, Emmanuel Macron serait en tout cas en pleine interrogation sur la meilleure manière de sortir de la consultation nationale : « Emmanuel Macron teste beaucoup, il sollicite tout le monde pas tant sur les solutions, mais sur la méthode pour sortir du grand débat. Emmanuel Macron ne ferme jamais les portes, il les laisse ouvert jusqu’au bout pour éviter de se trouver dans une impasse. »
A l’inverse, le patron du MoDem François Bayrou, cité par L’Opinion, estime que le chef de l’Etat a « une idée absolument claire de ce qu’il va faire ». « C’est très précis dans sa tête. Il faudra une réponse à tous les domaines qui ont été abordés pendant le grand débat. Les Français ne cherchent pas de la gestion mais un projet politique national. » Vaste programme.
CoinCoin
7 mars 2019 à 13 h 25 min
LE DOUBLE AVEU D’ÉDOUARD PHILIPPE
À propos de la réception des conclusions du Grand débat, Édouard Philippe a déclaré « le risque déceptif est important ». Mais connaît-il vraiment le sens de ce mot peu usité ?
Il semblerait que le chef de l’exécutif ait voulu, une fois n’est pas coutume, faire preuve d’humilité en relativisant la portée de la coûteuse opération de communication animée par Emmanuel Macron et Marlène Schiappa. Une sorte d’aveu d’échec en quelque sorte. Hors, en utilisant ce vieux mot français tombé en désuétude, Monsieur Philippe nous fait un second aveu aussi involontaire que pertinent car déceptif a un tout autre sens. Selon l’Académie française, il signifie trompeur. Très honnêtement, nous soupçonnions la forfaiture, mais si c’est Édouard lui-même qui le dit…
http://www.academie-francaise.fr/deceptif?fbclid=IwAR2iVCIAn9zERxJqEH5AUG7hIEcCPbGtYcSUZFZESVorFmfUgENrEj1f9rM
(Merci Arnaud)