Début Economie La loi anticasseurs votée à l’Assemblée, la majorité se fissure

La loi anticasseurs votée à l’Assemblée, la majorité se fissure

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La proposition de loi « anticasseurs », retravaillée par la majorité, a été largement adoptée mardi à l’Assemblée nationale. Mais 50 députés du groupe La République en marche se sont abstenus, sans compter ceux qui n’ont pas voté. Un record dans cette législature.

Le texte a mis l’épreuve la majorité ces dernières semaines. Il laissera peut-être des traces, après son adoption mardi à l’Assemblée nationale. Les députés ont approuvé largement la proposition de loi « visant à prévenir les violences lors des manifestations », dite aussi « anticasseurs », qui était issue de la droite sénatoriale et a été reprise et remaniée par l’exécutif. Le texte a recueilli 387 voix pour et 92 contre, sur 553 votants (74 élus se sont abstenus). Dans une ambiance chahutée, la grande majorité des députés LREM et MoDem, ainsi que des LR et UDI ont voté pour, l’ensemble de la gauche s’est prononcé contre, de même que les élus RN.

Mais au niveau du groupe majoritaire, ce sont 50 députés macronistes – un chiffre jamais atteint depuis 2017 sur un texte soutenu par le gouvernement – qui ont marqué par l’abstention leur refus des interdictions préventives de manifester. Avec les 14 absents, ils représentent plus de 20% du groupe de 307 élus. A titre de comparaison, sur la loi asile-immigration il y a quelques mois au même stade, les abstentionnistes étaient au nombre de 14 (et un contre).

Pas « de malaise », assure le patron des députés LREM Gilles Le Gendre
Parmi les 50 « marcheurs » abstentionnistes figurent le vice-président de l’Assemblée Hugues Renson, la présidente de commission Barbara Pompili, ainsi que Matthieu Orphelin, Aurélien Taché et encore Sonia Krimi. Si aucun d’entre eux n’a franchi le pas de voter contre, ce vote laisse quand même une majorité fissurée. « Notre abstention n’est le signe d’aucune posture politique ni défiance à l’égard de notre majorité, mais bien de notre irrémédiable attachement à un Etat de droit », ont assuré dans un communiqué commun 16 de ces dissidents. « Ce n’est pas l’affirmation d’un courant », affirme un autre, alors que les risques de fracture sont palpables.

« Le texte a été voté » et « il n’y a pas de malaise », a balayé le patron du groupe majoritaire Gilles Le Gendre, qui tablait pourtant lundi sur une vingtaine d’abstentions sur un texte « équilibré ». Le numéro un de LREM, Stanislas Guerini, avait pour sa part récusé d’avance toute « fronde » : sous François Hollande il s’agissait d' »une opposition fondamentale avec la politique qui était portée » et « ce n’est pas le cas ici ». Sonia Krimi, qui a un temps envisagé de voter contre, a voulu « envoyer un signal » pour que le gouvernement évolue sur la disposition clé des interdictions préventives de manifester pouvant être prises par les préfets. Plusieurs redoutent à l’avenir que ces représentants de l’Etat soient aux mains d’un « régime malintentionné ».

Un vote contre au MoDem
Dans le groupe MoDem allié de la majorité, quatre députés se sont abstenus et un, Brahim Hammouche, a voté contre cette proposition « incertaine et confuse », pour que « demain ne rime pas avec gueule de bois ». Outre les interdictions de manifester pouvant être prises par les préfets, sous peine de six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende, il est également prévu la possibilité de fouilles pour trouver des « armes par destination », sur réquisition du procureur, et encore le principe du « casseur-payeur ».

La proposition de loi retournera désormais au Sénat dès le 12 mars pour une deuxième lecture, le gouvernement, qui l’a reprise à son compte début janvier, souhaitant une adoption définitive rapide dans le contexte des manifestations récurrentes des Gilets jaunes. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui entend donner des gages à certains syndicats policiers, a répété mardi que ce n’est « pas une loi de la peur », « pas une loi de circonstance mais une loi de bon sens » à l’égard des « brutes » qui empêchent de manifester.

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