L’aviation a un impact bien plus important sur le climat que d’autres modes de transport, tels que le train ou la voiture. En 2019, l’aviation était responsable de 5 % des émissions totales de gaz à effet de serre en Europe. Le gouvernement français tente depuis un certain temps déjà de limiter le nombre de vols. Plus tôt cette année, une interdiction partielle des vols intérieurs a été mise en place. Cependant, dans l’aviation internationalement organisée, même un pays relativement grand comme la France a du mal à prendre des mesures unilatérales.
C’est pourquoi Beaune souhaite « engager le débat sur les véritables coûts sociaux et environnementaux d’un billet d’avion », comme il l’a déclaré dans un communiqué. « Il ne s’agit pas de décupler le prix des billets. Pourquoi pas ? Parce qu’il y a aussi des gens qui prennent l’avion une fois dans leur vie, qui n’ont pas beaucoup d’argent. C’est aussi une liberté, un moyen de transport qui ne doit pas être réservé aux riches. »
Des fonctionnaires de l’UE ont indiqué à l’agence de presse Reuters que des pays comme les Pays-Bas et la Belgique soutiennent en principe l’idée de Beaune. L’Autriche avait déjà fait une proposition similaire, mais s’était heurtée à des difficultés juridiques. Dans une interview avec la chaîne de télévision suisse RTS, Beaune a également cité ces trois pays comme des alliés potentiels.
Cependant, il reste à voir si Beaune pourra obtenir le soutien d’autres États membres. Les États insulaires comme Chypre et Malte dépendent fortement de l’aviation, et les États membres dont la prospérité dépend du tourisme ne seront pas enthousiastes à l’idée de cette mesure. Les négociations entre les États membres sur une taxe sur le kérosène sont bloquées car certains États membres ne veulent pas confronter les électeurs à des coûts plus élevés avant les élections européennes de l’année prochaine.
Beaune voit un prix minimum pour les billets d’avion comme une arme nécessaire dans la « lutte contre le dumping social et environnemental », comme il l’a déclaré le mois dernier dans une interview au magazine français L’Obs. « À l’ère de la transition écologique, les billets d’avion à 10 euros ne sont plus possibles ! Ce n’est pas une représentation adéquate des coûts pour la planète. » Quant à savoir quel serait un prix minimum raisonnable, Beaune ne se prononce pas.
Cette mesure serait douloureuse pour les transporteurs à bas coûts tels que Ryanair, qui réussissent principalement en maintenant leurs tarifs aussi bas que possible. Edward Wilson, le directeur de Ryanair, a donc qualifié les contrôles des prix de « dignes de l’économie nord-coréenne ». Beaune lui-même a admis à L’Obs que l’objectif de la mesure est également de « protéger les entreprises sérieuses, comme Air France ».