Les trois figures les plus en vue du mouvement des Gilets jaunes – Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle et Eric Drouet – ont fait étalage ces derniers jours de leurs divergences.
Quasiment deux mois jour pour jour après le début de la mobilisation des Gilets jaunes, des différences d’approche entre les figures les plus importantes du mouvement – Maxime Nicolle, Priscillia Ludosky et Eric Drouet – se font jour. D’un côté, Maxime Nicolle, alias Fly Rider, et Priscillia Ludosky sont partisans de manifestations non déclarées qui peuvent parfois être organisées loin de Paris. « Il n’y a pas que Paris. Il y a plein de gens qui n’ont pas les moyens de monter dans la capitale. Il ne faut pas donner trop d’importance à Paris », affirmait ainsi dimanche soir Maxime Nicolle dans un Facebook Live.
De l’autre, Eric Drouet, qui privilégie désormais l’organisation de manifestations déclarées dans Paris. Pour la première fois, il a d’ailleurs obtenu l’agrément de la préfecture pour son rassemblement de samedi dernier, à l’occasion de l’acte 9 du mouvement. Ce dernier s’est d’ailleurs globalement mieux déroulé que les actes précédents, même si les CRS ont du faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule en fin de cortège.
Rupture consommée entre Priscillia Ludosky et Eric Drouet
Accusé par la justice d’avoir organisé deux manifestations non déclarées ces dernières semaines, Eric Drouet a précisé sur le groupe Facebook « la France en colère!!! » (plus de 300.000 abonnés) pourquoi il avait finalement décidé de changer de tactique : « J’ai un jugement le 15 février pour manifestation non déclarée et je me dois d’être clean de toute part!! », s’est-il ainsi exclamé. Durant la manifestation de samedi à Paris, un service d’ordre avait par exemple été organisé pour limiter au maximum les affrontements avec les forces de l’ordre. « Cette manif déclarée n’a pas été simple à faire accepter », a relevé dimanche Eric Drouet.
Lundi, la rupture semblait d’ailleurs consommée entre Priscillia Ludosky et Eric Drouet. L’autoentrepreneuse a publié lundi un long texte sur Facebook dans lequel elle met en cause le chauffeur routier. « Depuis des semaines (témoignages à l’appui) nous subissons son comportement, nous recevons ses menaces et aujourd’hui je suis personnellement attaquée et ça je ne l’accepte pas. […] Je suis enfin libre de pouvoir dire que je ne travaille plus avec Éric Drouet depuis des semaines en raison de son comportement et je compte quand tout sera terminé expliquer tout ce qu’il a pu faire pour nuire au mouvement. »
Comment va se passer l’acte 10 samedi?
Le contentieux se concentre notamment sur l’utilisation du terme « La France en colère ». Eric Drouet s’est inquiété publiquement du fait que le groupe Facebook contrôlé par Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle ait gardé cette appellation. « Depuis des jours il menace les membres du groupe de travail duquel je fais partie afin que l’on modifie le nom de la page ‘La France en Colère’ sur les conseils de son avocat qui prétend que cela serait plus protecteur pour sa famille et lui », rapporte Priscillia Ludosky.
Lundi, Eric Drouet a qualifié de « faux » un communiqué diffusé par le collectif « La France en colère » canal Ludosky. Cette publication sur Facebook a mis le feu aux poudres et explique l’étalage sur la place publique des divergences d’opinion entre les deux leaders des Gilets jaunes.
Dimanche soir, Maxime Nicolle semblait lui encore croire que ces divisions n’étaient que le fruit de l’imagination des journalistes : « On est pas des politiciens, nous. On va pas se taper sur la gueule. Les médias sont sympas avec ça. » Il reconnaissait toutefois des divergences d’opinion avec Eric Drouet : « Est-ce que je suis d’accord avec tout ce qu’Eric fait et la façon dont il le fait? Pas forcément. Est-ce que sur le fond, il veut faire avancer les choses? Oui, je pense. » « On se bat dans le même sens », ajoutait-il.
Dans ce contexte, les contours de l’acte 10 de la mobilisation n’étaient pas encore tout à fait actés lundi. Maxime Nicolle a évoqué un déplacement à Toulouse. Un événement Facebook organisé par le collectif « Révolution Gilet jaune » propose ainsi « d’inviter toute la France » à se rendre à Toulouse pour l’acte 10. A Paris, un rassemblement pourrait débuter autour de l’esplanade des Invalides. « Après le succès de l’acte 9 on continue et on ne lâche rien!! La déclaration a été déposée à la préfecture de police de Paris et nous partagerons les informations dès l’accord signé, en toute transparence », est-il écrit sur l’événement Facebook partagé par Eric Drouet.