A la cinquième journée de mobilisation des « gilets jaunes », les barrages et les manifestants étaient bien moins nombreux mercredi, à part à La Réunion, où la situation s’est tendue.
Le mouvement des « gilets jaunes » s’essouffle-t-il ou opère-t-il une pause avant la manifestation prévue samedi à Paris? Mercredi, en métropole, un peu plus de 10.000 personnes étaient mobilisées selon une source policière, un chiffre bien loin des 290.000 manifestants recensés samedi dernier. Ces gilets jaunes encore mobilisés semblaient davantage cibler les plateformes logistiques ou zones d’activité commerciale, plutôt que les axes routiers. Selon l’AFP, les manifestants étaient toutefois particulièrement actifs dans la région de Toulouse où le dépôt pétrolier de Fondeyre et la plateforme logistique Eurocentre ont été bloqués.
Le coût des blocages inquiète
Le blocage de la plateforme voisine Socamil, jugé illégal par le tribunal de Toulouse, a lui été levé, tout comme le péage de l’autoroute A10 à Virsac (Gironde), théâtre de dégradations. « Les dégâts sont considérables, on parle de plusieurs millions d’euros […] Il faudra plusieurs semaines pour remettre en état l’ensemble des installations », a déclaré à l’AFP le PDG de Vinci Autoroutes Pierre Coppey.
Les sociétés autoroutières ne sont pas les seules à se plaindre et chacun commence à faire l’addition. C’est le cas de l’agglomération de Caen qui a estimé, mercredi, à 210.000 euros le coût des travaux suite aux barrages érigés par les « gilets jaunes ». La préfecture du Calvados a également évalué à 200.000 euros le coûté des rénovations de l’A84 qui relie Rennes à Caen.
A Sochaux (Doubs), l’usine PSA a, elle, annoncé qu’elle arrêtait certaines lignes de montage mercredi après-midi faute de pièces, certains camions de fournisseurs étant bloqués.
Situation critique à La Réunion
Si le nombre de « bloqueurs » recule de jour en jour, les violences et dégradations sur certains points inquiètent les autorités, confrontées à une mobilisation sans organisateur ou leader clairement désigné. Le gouvernement a notamment le regard tourné vers La Réunion, seule région où, à l’inverse, le mouvement se renforce et se durcit. La situation y est encore extrêmement tendue, alors que l’Etat y a imposé un couvre-feu, entrainant, notamment, la fermeture de l’aéroport Roland-Garros à 16 heures, heure locale.
Dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs échauffourées ont eu lieu, avec jets de projectiles et cocktails Molotov sur les forces de l’ordre. Seize policiers et gendarmes ont été blessés durant ces interventions, dont un a eu la main arrachée par l’explosion accidentelle d’une grenade dans son véhicule.
Que va-t-il se passer d’ici à la manifestation parisienne de samedi?
Loin de cette flambée de violences, les « gilets jaunes » en métropole s’interrogent, selon l’AFP, sur la suite du mouvement : faut-il arrêter temporairement les blocages pour mieux mobiliser samedi à Paris? « Nous prenons du recul pour recentraliser l’action, qui se dispersait par trop d’initiatives individuelles. Nous n’étions plus assez efficaces », explique ainsi à l’agence de presse Julien Terrier, porte-parole des « gilets jaunes » à Grenoble.
Des appels à un rassemblement place de la Concorde circulent. Plus de 31.000 personnes se sont déclarées « participants » à cet événement sur Facebook, et plus de 200.000 « intéressées ». Cette manifestation ne sera pas interdite, mais elle ne pourra pas se tenir place de la Concorde pour des raisons de sécurité, a affirmé mardi soir le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, appelant à déclarer cette manifestation en préfecture afin de trouver un autre lieu « sécure ». Plusieurs leaders d’opposition devraient se mêler au défilé, à commencer par le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.