Début Economie Gilets jaunes : après l’arrestation de deux journalistes, RSF dénonce des atteintes à la liberté d’informer

Gilets jaunes : après l’arrestation de deux journalistes, RSF dénonce des atteintes à la liberté d’informer

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Plusieurs journalistes ont été pris à partie, blessés ou interpellés, alors qu’ils couvraient l’acte 23 des Gilets jaunes samedi. Des atteintes à la liberté d’informer, selon le Syndicat national des journalistes et Reporters sans frontières.

Plusieurs journalistes ont été pris à partie par les forces de l’ordre lors de l’acte 23 des Gilets jaunes, samedi. La mobilisation hebdomadaire a été tendue : à Paris, 227 personnes ont été interpellées et 178 placées en garde à vue. Parmi elles, deux journalistes indépendants, dont Gaspard Glanz, fondateur de l’agence Taranis News, et Alexis Kraland. Et ce malgré l’attirail permettant de reconnaître leur profession : caméra, brassard « presse » et carte de presse. Ces deux journalistes se sont fait connaître pour leur couverture des mouvements sociaux comme Nuit Debout ou les manifestations contre la loi travail.

Les journalistes Gaspard Glanz et Alexis Kraland interpellés
Plusieurs vidéos dévoilent l’arrestation, brutale, de Gaspard Glanz. Casque « TV » sur le crâne, il a été mis a terre puis menotté dans l’après-midi par les policiers, place de la République à Paris, selon un vidéaste du Figaro. Ce dernier explique que son collègue a subi, au même moment, un violent coup de pied d’un policier.

Selon Checknews, qui a interrogé le parquet, Gaspard Glanz a été placé en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » et « outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Un photojournaliste, témoin, explique que Gaspard Glanz venait d’avoir une « petite embrouille » avec les forces de l’ordre, après avoir évité un projectile. Une vidéo le montre d’ailleurs faisant un doigt d’honneur aux policiers.

Dimanche en début d’après-midi, le journaliste semblait toujours en garde à vue.

Un autre reporter indépendant, Alexis Kraland, a été arrêté samedi, cette fois-ci à la gare du Nord. Sur Twitter, il confie avoir été gardé en garde à vue pendant huit heures. Selon ses dires, les forces de l’ordre l’auraient embarqué parce qu’il refusait de donner sa caméra, considérée comme une « arme par destination ». Il aurait reçu un coup de matraque à la main.

En le fouillant, les policiers auraient également trouvé un reste de cannabis sur lui. Le parquet, de son côté, indique à Checknews que le journaliste a été arrêté pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ».

Plusieurs journalistes blessés par des tirs des policiers
Certains journalistes ont été blessés par des tirs des forces de l’ordre, malgré là aussi les brassards permettant de les identifier.

A Paris par exemple, Tristan Goldbronn, le rédacteur en chef de Radio Parleur, une radio qui couvre particulièrement les luttes sociales, raconte s’être « fait renverser et matraquer par des CRS, parce [qu’il] voulai[t] enregistrer une interpellation ». Clément Lanot, journaliste reporter d’images pour l’agence LinePress, dit avoir été visé par un tir de LBD. Les protections qu’il portait lui ont évité une blessure. L’AFP indique aussi que deux de ses collaborateurs ont été blessés.

D’autres reporters ont été blessés à Toulouse, où de nombreux heurts ont eu lieu pendant la journée. Le site Actu Toulouse a rapporté qu’un de ses journalistes, Frédéric Scheiber, avait été blessé au genou par un tir. Plus tard, il aurait été « délibérément gazé par la bombe lacrymogène d’un officier ».

Kévin Figuier, photojournaliste et rédacteur indépendant, dit avoir été blessé au mollet et au dos par une grenade de désencerclement, sans savoir si l’impact était ou non intentionnel.

Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes s’indignent
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’organisation Reporters sans frontières ont réagi en dénonçant chacun des « atteintes à la liberté d’informer ». « Qu’est-ce qui justifie d’interpeller des reporters, si ce n’est pour les empêcher de travailler? Ne bafouez pas l’état de droit Christophe Castaner! Préfecture de police, respectez la liberté d’informer! », s’est insurgé le SNJ sur Twitter.

« On commence à se poser des questions : est-ce qu’il n’y a pas une volonté déterminée d’intimider notamment les photographes sur le terrain? On a l’impression que certains sont ciblés », s’interroge le 1er secrétaire national du SNJ, Vincent Lanier, auprès de l’AFP. « On est sur une pente très dangereuse par rapport à la liberté d’informer, c’est la liberté de la presse qui est menacée. »

« Le nombre d’incidents depuis le début du mouvement des Gilets jaunes qui visent autant des journalistes professionnels et non professionnels clairement identifiés ‘Presse’ au moment où ils sont en train de filmer ou photographier entrave le travail de la presse et limite de facto la captation d’images de ces événements qui sont par nature d’un intérêt crucial pour le public », déplore Catherine Monnet, rédactrice en chef adjointe de RSF.

De son côté, le ministère de l’Intérieur se défend de toute entrave à la liberté de la presse. « Les forces de l’ordre sont mobilisées chaque samedi pour empêcher les violences, assurer la sécurité des manifestants, mais aussi celle des journalistes, régulièrement – et ce samedi encore – prises à partie. Si des journalistes sont interpellés – ce qui peut arriver – ils ne le sont évidemment pas ès qualités mais en raison des infractions relevées », a affirmé le ministère dimanche à l’AFP.

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