A deux jours de la journée de mobilisation, peu d’actions ont été déclarées en préfecture. Une cellule de suivi sera mise en place samedi au ministère de l’Intérieur et 30 unités de forces mobiles seront mises à disposition des préfets.
Mardi, Christophe Castaner rappelait la règle : toute manifestation doit être en amont déclarée en préfecture. Or, « très peu » l’ont fait. Ce que confirmait jeudi au JDD une source au ministère de l’Intérieur : « On redoute 1.500 actions [sur le territoire] pour à peine une centaine déclarées en préfecture. » Pour faire face à cette journée d’action du 17 novembre, une cellule de suivi sera mise en place samedi place Beauvau, en lien avec le ministère des Transports, et 30 unités de forces mobiles seront mises, en renfort, à disposition des préfets.
C’est compliqué, car c’est un phénomène hétéroclite, il y a des gens de tous les horizons
Reste que l’ampleur du mouvement, qui a émergé sur les réseaux sociaux, est difficilement quantifiable. « C’est compliqué, car c’est un phénomène hétéroclite, il y a des gens de tous les horizons », confirme à l’AFP Christophe Rouget, du syndicat de police SCSI-CFDT. « Ce sont des gens qui n’ont pas l’habitude des manifestations, qui peuvent ne pas les déclarer. Nos services de renseignement ont un gros travail » à fournir, ajoute-t-il. Une autre source policière espère « un peu de souplesse ».
Un « vrai casse-tête » selon une source policière
A en croire la carte diffusée sur les réseaux sociaux et mise à jour régulièrement par les « gilets jaunes », des centaines de rassemblements sont prévus sur l’ensemble de la France, sans que l’on sache toutefois s’il s’agit de blocages ou de manifestations et combien de personnes seront mobilisées. « C’est un vrai casse-tête. Sans déclarations, les préfets ne peuvent pas faire une demande précise de renforts policiers, ni savoir combien de forces de l’ordre sont nécessaires et où », note une source policière.
« Il y a le problème de la mobilisation policière, mais aussi celui des consignes qui seront données », s’inquiète une autre source au sein de la police auprès de l’AFP. « Est-ce qu’il faudra évacuer les manifestants, au risque que ce soit des familles avec enfants, ou verbaliser ? », s’interroge-t-elle.
Trois personnes pour faire une déclaration préalable
Côté manifestants, on évoque certaines difficultés. « Sur le pourtour de l’étang de Berre, personne n’a fait de déclaration en préfecture », affirme Thierry Marre, porte-parole du mouvement à Istres. « Il faut trois cartes d’identité pour déclarer et les gens ont peur, ils craignent des représailles », ajoute-t-il. Lui-même aurait bien déclaré son rassemblement dans les règles, mais « personne ne suit derrière ».
A Tarbes (Hautes-Pyrénées), les organisatrices du mouvement ont retiré la demande de manifestation déposée en préfecture, après avoir subi des « pressions de toutes parts », disent-elles. « Nous risquons de lourdes peines d’emprisonnement ainsi que le dédommagement du manque à gagner », ont-elles justifié, provoquant la colère de manifestants, qui les ont accusées d’être des « collabos » ou de « se faire acheter ».
Le ministre Christophe Castaner avait prévenu mardi qu’aucun « blocage total » ne serait toléré samedi et que les forces de l’ordre interviendraient si les actions posaient un « risque » pour les interventions de sécurité ou la libre circulation.