La République en marche doit confirmer mardi le choix de Nathalie Loiseau comme tête de liste aux européennes. Retour sur son parcours.
Nathalie Loiseau s’apprête à remettre sa démission pour mener la liste LREM aux européennes de mai. Un choix qui sera entériné mardi lors d’un bureau exécutif extraordinaire du parti, avant l’annonce à la presse des 30 premiers noms. Le premier grand meeting de campagne se tiendra samedi soir à Aubervilliers. A 54 ans, la ministre des Affaires européennes avait annoncé sa candidature il y a peu à la télévision à la fin d’un débat avec Marine Le Pen. Mais quels sont ses atouts, et ses faiblesses, à l’aune de ce combat européen?
SES ATOUTS
Son expérience
Une ministre des Affaires européennes tête de liste de la majorité aux élections européennes. Logique. C’est d’ailleurs bien sur cette assise et sur sa connaissance des dossiers que Nathalie Loiseau tire en premier lieu sa légitimité en tant que tête de liste LREM. « Notre liste a vocation à incarner une crédibilité sur les sujets européens et elle était la mieux placée », s’est félicité Pieyre-Alexandre Anglade, député et membre du comité de pilotage LREM de la campagne européenne, quand Edouard Philippe parle d’une « excellente ministre », qui a notamment mené les négociations sur le Brexit.
Ses réseaux
L’Europe, Nathalie Loiseau connaît effectivement. Elle a été diplomate pendant un quart de siècle : après un bac S mention très bien obtenu à 16 ans, Sciences-Po et un cursus de chinois aux Langues O, elle intègre le Quai d’Orsay à la fin des années 1980, puis le cabinet du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, dont elle est restée proche et qui est en quelque sorte son mentor en politique. Pendant la guerre d’Irak, Nathalie Loiseau est porte-parole de l’ambassade de France aux Etats-Unis. Elle est congédiée par Laurent Fabius en 2012 – elle est alors directrice générale de l’administration, poste que lui avait confié Alain Juppé – et prend la tête de l’ENA, dont elle n’est pas issue. A 54 ans, Nathalie Loiseau s’est donc constitué un carnet d’adresses à la fois professionnel et politique.
De quoi faire la différence avec ses opposants directs? C’est en tout cas le pari de La République en marche. Si la valeur n’attend pas forcément le nombre des années, Nathalie Loiseau sera la plus âgée des principaux candidats. Face à elle : Jordan Bardella (RN, 23 ans) ; François-Xavier Bellamy (LR, 33 ans) ; Manon Aubry (LFI, 29 ans) ou encore Yannick Jadot (EELV, 51 ans).
Sur l’Europe, elle va également publier en avril une bande dessinée réalisée avec son plus jeune fils, âgé de 12 ans.
Son sexe
C’est un détail qui n’en est pas un. Avec l’Insoumise Manon Aubry, la future ex-ministre sera l’une des rares femmes tête de liste de cette élection. Nathalie Loiseau met également en avant un parcours marqué par un engagement féministe, issu de sa propre histoire. Dans son livre Choisissez tout paru en 2014, elle raconte avoir été élevée dans l’ombre de son frère et dit avoir souvent stigmatisé les « attentes différenciées » et les « projections inconscientes » qui entravent la vie des femmes. « Je me pose toujours la question pour des femmes moins favorisées ou plus jeunes. J’essaie de ne rien laisser passer pour leur tracer un chemin », explique-t-elle.
SES FAIBLESSES
Son côté trop techno
Ce fut l’une des premières attaques de Marine Le Pen : « Je suis ravie que vous soyez tête de liste, vous êtes hyper technocrate ». Ce que Nathalie Loiseau rejette en bloc. « Dans cette maison, je suis considérée comme anti-techno », assurait-elle il y a quelques jours en recevant l’AFP dans son bureau du quai d’Orsay, où elle dit avoir importé son « habitude de secouer les gens, de dire que je veux des solutions, pas qu’on m’explique que c’est compliqué ».
Son manque de charisme et de riposte politique
« Loiseau, ça a toujours été un dernier recours », grinçait récemment un pilier de la majorité dans le JDD. Un membre du gouvernement critiquait de son côté un problème d’image : « Elle est bonne, elle a du caractère, c’est juste qu’elle a une allure pas possible… » D’autres sont inquiets de ses qualités de riposte politique dans une campagne qui s’annonce âpre. Sa seule expérience électorale remonte aux européennes de 1989, où elle avait obtenu 0,17% des voix sous l’étiquette Initiative pour une démocratie européenne.
Reste à savoir également si elle arrivera à faire vibrer une salle lors d’un meeting politique, d’emmener une liste et de créer une dynamique. Pour l’heure, contrairement à d’autres membres du gouvernement, à l’image de Marlène Schiappa ou encore de Mounir Mahjoubi, elle n’est pas parvenue à s’imposer aux yeux des Français depuis son arrivée au Quai d’Orsay. Toujours auprès du JDD, un ministre indiquait que Nathalie Loiseau est « chiantissime quand elle parle à l’Assemblée ». Avant de nuancer : « Mais quand vous discutez avec elle, elle a le sens du bon mot et répond du tac au tac. » Ce sera sûrement l’un des plus grands défis de l’intéressée pour les semaines à venir.