La taxe d’habitation va baisser de 30 %, mais pas pour tout le monde car certaines communes ont décidé d’augmenter leur taux d’imposition. Les maires s’expliquent et refusent d’être pointés du doigt.
L’impact ne sera pas le même pour tout le monde. Si le gouvernement a promis de supprimer la taxe d’habitation d’un tiers jusqu’à 2020, de nombreux contribuables ont découvert une baisse inférieure aux 30 % annoncés sur leur avis d’imposition.
Parmi les 6 027 communes françaises qui ont décidé d’augmenter le taux cette année, quelques-unes se trouvent dans le Saint-Quentinois, particulièrement parmi les villages. Le record en matière d’augmentation appartient à Vaux-en-Vermandois, dont le conseil municipal a augmenté la taxe communale de 33,5 %, (le taux passe ainsi de 11,07 % en 2016 à 14,78 % en 2017), suivi de Nauroy (12,01 % à 14,01 %), soit une augmentation de 16,7 %. Mais ceux-ci refusent d’être jetés en pâture et d’être stigmatisés sur les réseaux sociaux par la campagne #Balancetonmaire.
Si les maires ont choisi d’augmenter les impôts, ce n’est pas de gaieté de cœur, ni pour épargner en cas de disette.
À Roupy, la fiscalité n’avait pas augmenté depuis 25 ans
« C’était vital pour la commune », concède Stéphane Pruvost, maire de Vendelles, qui a augmenté ses taux de 2 points (12,93 % à 14,93 %) soit une hausse de 15,5 %. Une première depuis 30 ans. « Mais on n’avait pas le choix. Cela va nous rapporter 4 500 euros, soit 19 euros par habitant et par an, pour employer un ouvrier communal 10 heures par semaine pendant 5 mois. Et encore, on n’aura pas assez », clame-t-il. La commune a en effet perdu son contrat aidé. Si les élus ne rechignent pas à mettre la main à la pâte, ils ne peuvent pas non plus tout faire. « J’ai fait l’ouvrier communal pendant trois mois. Si on ne peut plus payer, je le referai, on en est réduit à ça. »
C’est aussi pour créer un emploi communal après la fin d’un contrat aidé que la mairie de Roupy a eu recours à l’augmentation des impôts locaux (13,34 % à 14,67 %), soit une hausse de 10 %. « Il n’était pas possible de remplacer ce contrat aidé, donc on a augmenté les impôts pour embaucher une personne, dit le maire Xavier Pamart. Ça rapporte 9 000 euros sur l’année, et la somme sera intégralement affectée à la création d’un emploi durable, car même si nous avons des adjoints qui travaillent bénévolement, ce n’est pas à eux de tout faire. »
Une première aussi pour Roupy qui n’avait pas augmenté la base de la fiscalité depuis 25 ans.
Un effet d’aubaine
À Jussy, on se démarque un peu. L’augmentation d’un point de base (10,62 % à 11,65 %), soit une hausse de 9,7 % a été votée pour « embaucher un employé supplémentaire à mi-temps, souligne le maire Jean-Marie Gondry. Avec 33 kilomètres de voirie, trois employés communaux, ce serait bien. Donc on a profité de l’annonce de la baisse de la taxe d’habitation pour faire une légère hausse afin que les habitants ne le sentent pas. » Un effet d’aubaine qui permet d’avoir 20 000 euros de recette fiscale pour « compenser deux contrats aidés non renouvelés ».
Cette première hausse pourrait-elle être suivie d’une seconde, puisque l’an prochain, la taxe d’habitation va de nouveau baisser d’un tiers ? « Beaucoup d’entre nous redoutent la fin de la taxe d’habitation, car on sait qu’on ne sera pas remboursé au centime d’euro près, reconnaît le maire de Vendelles. Mais il n’y aura pas d’augmentation l’an prochain car on est déjà sur une population qui souffre déjà. » Même son de cloche à Jussy, où « il n’est pas prévu de nouvelle hausse, dit le maire. Mais à l’heure actuelle, on ne sait pas comment va être compensée la perte de la taxe d’habitation. »
« Contrairement à l’État, notre budget est à l’équilibre, poursuit Stéphane Pruvost. Il faudrait peut-être qu’il prenne exemple sur nous. »