Un million d’espèces animales et végétales seraient menacées à cause de l’activité humaine, selon le rapport sur la biodiversité publié lundi par le « Giec de la biodiversité ». Voici les leçons qu’il faut en tirer.
L’heure du bilan a sonné. Sur les 8 millions d’espèces estimées sur la planète, animales et végétales, un million d’espèces sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies. C’est la conclusion du rapport de 1.800 pages publié lundi par 145 scientifiques après trois ans de travail, à l’occasion de la 7e plénière du IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques). L’organisation, fondée par le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) et surnommée le « Giec [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] de la biodiversité », vient de rassembler 130 pays pour une semaine de débats.
L’homme est clairement désigné comme responsable de la dégradation de la situation : utilisation intensive des terres pour l’agriculture et exploitation des ressources (déforestation), chasse, pêche, changement climatique, pollutions et espèces invasives.
Voici les espèces d’animaux sauvages qui pourraient disparaître.
La fin des abeilles
Des espèces « du quotidien » risquent de disparaître du paysage. Au premier rang desquels les insectes : 40% des espèces sont en déclin, un tiers sont menacées. Une espèce en particulier symbolise cette disparition : l’abeille.
Durant l’hiver 2018, 400.000 ruches françaises sont mortes, une hécatombe 3 à 4 fois supérieure aux chiffres classiques selon la Fédération française des apiculteurs professionnels.
Les causes : dérèglement climatique mais aussi traitements phytosanitaires, comme les néonicotinoïdes, interdits en France depuis le 1er septembre 2018.
Pourquoi c’est inquiétant : l’abeille fait partie des pollinisateurs, qui garantissent 75% de la production mondiale de nourriture. Les experts évaluent cette perte entre 235 et 577 milliards de dollars par an.
Les oiseaux et chauves-souris en danger
Parmi les pollinisateurs, on compte aussi les bourdons, les papillons ou encore les chauves-souris.
Sur les 34 espèces de chauves-souris répertoriées en France, seules 17 survivent encore. En dix ans, un tiers de leur population a disparu.
Pourquoi c’est inquiétant : cet animal volant est essentiel aux cultures agricoles. Il se nourrit d’insectes et évite leur prolifération.
La disparition des insectes a une autre conséquence : leurs prédateurs disparaissent. Par exemple, un tiers des oiseaux a disparu en moins depuis 15 ans. En France, par exemple, la bécassine des marais compte moins de 50 individus observés. La grue cendrée et le goéland cendré sont également en danger. Les populations de moineaux friquets, un des moineaux le plus répandu en Europe et en Asie, diminuent.
La plupart de ces animaux sont des « espèces parapluie » : elles en protègent d’autres, comme les papillons, les plantes.
Des animaux plus vraiment sauvages
Plus loin des jardins, mais toujours en France, certains grands mammifères sont menacés. Le vison d’Europe par exemple : seulement 250 individus observés en 2016. L’ours brun est aussi en danger critique : 40 individus répertoriés dans les Pyrénées.
A des centaines de kilomètres, d’autres espèces mythiques sont devenues des symboles. Dans la famille des grands singes, l’orang-outan de Bornéo pourrait voir sa population divisée par deux en moins de dix ans. Toutes les sous-espèces de gorilles sont en danger, particulièrement les gorilles des montages : 900 individus à l’état sauvage. Au total, 60% des espèces de primates sont menacées.
Les grands félins ne s’en sortent guère mieux. Sur les cinq espèces de tigres par exemple, toutes sont menacées. Seuls 3.890 individus vivent encore en milieu naturel.
Quant aux pandas géants, ils ne sont plus que 1.800 encore en liberté :
Pourquoi c’est inquiétant : le rôle de ce mammifère est vital pour son environnement. En disséminant des graines, il favorise le renouvellement de la forêt permettant ainsi le développement d’autres espèces, y compris les populations locales.
Surpêche et pollution
En raison de la pollution au plastique – multipliée par dix depuis 1980 -, les océans abritent désormais 400 zones mortes. 31% des requins et raies, un tiers des récifs coraliens sont menacés d’extinction selon la liste rouge de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).
En 2015, 33% des stocks de poissons marins ont été exploités à des niveaux non durables. Autre exemple frappant : 80% des ressources en thon rouge ont disparu en 20 ans.
Le rapport n’est pas qu’une longue liste sombre. Ses auteurs suggèrent de transformer les modes de production agricoles ou les habitudes de consommation pour éviter l’hécatombe. Autant de pistes de réflexion qui devraient être abordées lors de la prochaine réunion de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15), organisée en Chine. Les Etats membres fixeront alors les objectifs pour 2050.