Le secrétaire général du SCPN (Syndicat des commissaires de la police nationale), David Le Bars, explique dans une tribune pour le JDD, pourquoi ce serait une erreur d’interdire le controversé lanceur de balles de défense.
Depuis plusieurs jours, la controverse autour des lanceur de balles de défense (LBD), accusés d’avoir causé de graves blessures et même d’avoir éborgné des manifestants, a pris une nouvelle ampleur. Face à la polémique, Christophe Castaner a affirmé mardi devant une commission de l’Assemblée nationale que les policiers et gendarmes utilisant cette arme non-létale seraient équipés d’un système-vidéo dès samedi. Dans une tribune publiée sur le JDD, David Le Bars, secrétaire général du SCPN (Syndicat des commissaires de la police nationale) défend l’utilisation du LBD. Voici sa tribune :
« Les policiers et les gendarmes sont confrontés à une intensité de violences depuis longtemps oubliée en matière de rétablissement de l’ordre. Ils doivent pouvoir compter sur un choix large et surtout progressif d’armes leur permettant de toujours apporter une réponse proportionnée et adéquate. Le lanceur de balles de défense (LBD), arme dite « intermédiaire » ayant vocation à stopper la progression d’individus hostiles dans le cadre de violences urbaines, en fait partie.
Des voix ont réclamé la suspension ou même l’interdiction de son utilisation. Ce serait une erreur : cela affaiblirait l’action des forces de l’ordre, et renforcerait les risques d’usage disproportionné de la force publique. Le LBD constitue en effet un compromis entre le contact physique, particulièrement dangereux pour tous les acteurs du maintien de l’ordre, manifestants comme policiers, et des moyens ou des armes plus puissants.
L’art du maintien de l’ordre a vocation à évoluer
Mais l’art du maintien de l’ordre a vocation à évoluer, afin de répondre aux transformations de la société qu’il défend. Il faut donc envisager une plus grande sécurisation de l’utilisation du LBD. D’abord en inféodant son utilisation à un contrôle hiérarchique tactique encore plus strict, sachant qu’elle est déjà restreinte et étroitement encadrée. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, vient également d’annoncer que les forces de l’ordre seraient équipées de caméras-piétons, gage de transparence auquel nous souscrivons.
Dans ce débat, il serait irresponsable de ne pas tenir compte du degré de violence atteint ces dernières années lors de certains mouvements. Certes, policiers et gendarmes doivent ajuster leur action à ce que la société est prête à accepter. Mais sans obérer leur propre sécurité ni l’efficacité du maintien de l’ordre dans une gestion démocratique des foules. Le vrai sujet n’est donc pas celui de l’armement. Mais plutôt l’adaptation de nos forces aux différentes formes de menaces, qui sont bien réelles et récurrentes. »