Début Societe TRIBUNE. Acte 14 des Gilets jaunes : l’avertissement de maires Les Républicains à Macron

TRIBUNE. Acte 14 des Gilets jaunes : l’avertissement de maires Les Républicains à Macron

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Plusieurs maires Les Républicains, emmenés par le vice-président de leur parti Jean Leonetti, publient sur le JDD une lettre ouverte à Emmanuel Macron avant l’acte 14 des Gilets jaunes.

Quand Emmanuel Macron, pour répondre à la colère des Gilets jaunes, lançait le grand débat, Les Républicains (LR) se disaient prêts à y participer. Si le parti de Laurent Wauquiez doit toujours envoyer sa contribution, ses membres sont désormais plus sceptiques sur la méthode du chef de l’Etat. Dans une tribune que publie le JDD, plusieurs maires LR, emmenés par le vice-président de leur parti Jean Leonetti, notent qu’il « n’est pas besoin d’instaurer un grand débat pour identifier les causes de la révolte des Gilets jaunes ».

Les édiles dénoncent notamment un « climat de guerre civile larvée ». « Le nombre de blessés est chaque semaine plus inquiétant », s’alarment-ils avant l’acte 14 de la mobilisation, qui aura lieu samedi. Voici leur tribune :

« Monsieur le président,

Les maires s’apprêtent à vivre pour la quatorzième fois un samedi marqué par des manifestations des gilets jaunes avec son cortège de violences de dégradations, d’images de centres-villes désertés, de commerces vandalisés et de scènes d’émeutes indignes de notre pays. Vous ne pouvez ignorer les causes de cette révolte et il n’est pas besoin d’instaurer un grand débat pour les identifier.

Votre gouvernement et votre majorité se livrent à un véritable concours Lépine de la fiscalité, faute d’avoir fait des économies

Nous qui sommes des élus de proximité le savons bien : le mouvement des Gilets jaunes a pour origine l’accumulation des impôts et des taxes, encore aggravée par le gouvernement depuis vingt mois, qui frappe durement les classes moyennes et principalement les retraités. L’augmentation des taxes sur les carburants a constitué le facteur déclenchant de la mobilisation de cette France des oubliés, tant prendre sa voiture pour aller travailler n’est pas un choix pour des millions de nos compatriotes.

Nous sommes convaincus que la réponse à cette souffrance ne peut être prioritairement d’ordre institutionnel. Ce n’est pas en proposant par voie référendaire des ajustements de nos règles électorales, la reconnaissance du vote blanc ou une modification du mode de scrutin que la colère de ceux qui ne peuvent pas boucler leurs fins de mois s’apaisera. Après avoir trop longtemps tergiversé et finalement annulé les hausses de taxes prévues cette année sur les carburants et le chauffage, votre gouvernement et votre majorité se livrent à un véritable concours Lépine de la fiscalité, faute d’avoir fait des économies.

Alourdissement des droits de succession, surtaxation de l’immobilier, réduction des crédits d’impôt, nouvelle tranche d’impôt sur le revenu et même retour de la taxe carbone sont désormais évoqués aussi bien par des ministres que par des députés de la majorité… Alors que notre pays ploie sous le poids de la fiscalité, toute hausse d’impôt ou de taxe serait irresponsable et inacceptable. La justice fiscale consiste d’abord à réduire les impôts des Français.

Aucun gouvernement, dans le passé, n’a laissé à ce point la situation se dégrader

La seule réelle mesure d’apaisement consisterait donc à renoncer aux décisions les plus injustes et à redonner du pouvoir d’achat aux Français. Il faut donc revenir sur la hausse massive de la CSG pour l’ensemble des retraités, revaloriser toutes les retraites au niveau de l’inflation et engager enfin une diminution des dépenses de l’Etat pour baisser les impôts et les taxes de tous les Français, pas seulement de ceux qui possèdent des actions en bourse.

Mais si les maires vous demandent des mesures d’ouverture, nous vous demandons aussi des mesures de fermeté envers les casseurs qui ont infiltré ce mouvement et n’ont enfilé un gilet jaune que pour donner libre cours à des actes de violence, de racisme ou de haine. Cette situation n’a que trop duré et il faut y mettre un terme car elle installe dans notre pays un climat de guerre civile larvée. Le nombre de blessés est chaque semaine plus inquiétant : près de 3.000 Français l’ont été depuis le début du mouvement, dont 1.000 gendarmes ou policiers dont le dévouement ne masque plus l’épuisement. La CPME a mesuré l’ampleur de la ‘catastrophe’ pour les petits commerçants, évoquant 70.000 personnes en activité partielle. Sans parler des dégradations matérielles se chiffrant en millions d’euros que les contribuables finiront par payer.

Dans le passé, plusieurs gouvernements se sont trouvés confrontés à des manifestations parfois de grande ampleur, avec leurs cortèges de casseurs. Aucun n’a laissé à ce point la situation se dégrader. Nous nous félicitons que le gouvernement ait fini par soutenir pour l’essentiel la proposition de loi du Sénat dite ‘anti-casseurs’. Il doit faire usage de tout notre arsenal juridique pour mettre hors d’état de nuire les délinquants, extrémistes et anarchistes qui profitent de la situation pour saccager notre pays.

Il doit aussi instaurer dès que possible des peines plancher pour tous ceux qui agressent les gendarmes, policiers ou pompiers : s’en prendre à ceux qui consacrent leur vie à nous protéger doit être condamné systématiquement et sévèrement. Dans la République française, s’exprimer est un droit mais rien ne justifie la violence. S’attaquer à un représentant de la loi, c’est s’attaquer à notre République.

La première mission d’un chef d’État n’est pas de prolonger indéfiniment une campagne électorale

Monsieur le président, la première mission d’un chef d’État n’est pas de prolonger indéfiniment une campagne électorale, à grands renforts de prestations télévisées, mais de protéger les Français : les protéger d’abord contre des mesures fiscales injustes et inefficaces, les protéger aussi de la violence et de la peur. Personne, sinon les extrémistes les plus irresponsables, ne sortira gagnant d’un pourrissement de la situation et de cette double exaspération de nos concitoyens face à l’injustice et face à la violence. Il n’est que temps de faire preuve de courage et de fermeté, courage de libérer de ce fardeau fiscal ceux qui se sentent ignorés et méprisés, fermeté envers ceux qui ne recherchent que le chaos.

C’est votre rôle. Ne soyez plus candidat, devenez président. »

Liste des signataires :

Jean LEONETTI, maire d’Antibes
Gil AVEROUS, maire de Châteauroux
Natacha BOUCHART, maire de Calais
Jean-Paul FOURNIER, maire de Nîmes
Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement de Paris
Geoffroy BOULARD, maire du 17e arrondissement de Paris
Nicolas DARAGON, maire de Valence
Marie-Noëlle BIGUINET, maire de Montbéliard
Jeanne d’HAUTESERRE, maire du 8e arrondissement de Paris

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