Début Societe Top 50 : que disent les chansons de Jean-Jacques Goldman de la France et des Français?

Top 50 : que disent les chansons de Jean-Jacques Goldman de la France et des Français?

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Une nouvelle fois en tête du classement des personnalités préférées des Français, Jean-Jacques Goldman a mené une carrière de « poète du quotidien », au lieu de se penser en chanteur engagé.

Pourquoi Jean-Jacques Goldman est-il, une nouvelle fois, au sommet du Top 50 du JDD, qui consacre chaque année les personnalités préférées des Français? Ses mélodies, transformées quasi-instantanément en tubes depuis ses débuts, au tournant des années 1980? Sa rareté, cultivée avec méthode depuis l’interruption de sa carrière musicale en solo, il y a déjà 16 ans? Sans doute. Mais ses textes, écrits seul à destination du plus grand nombre, sont vraisemblablement l’atout majeur d’une popularité jamais démentie à ce jour.

« Goldman, c’est une sorte de poète du quotidien », résume son ami de longue date et biographe Fred Hidalgo, auteur de Jean-Jacques Goldman : Confidentiel (éditions de l’Archipel, 2016). Il y a de ça : « Au lieu de faire des grandes chansons politiques comme Bernard Lavilliers ou Maxime Le Forestier, il a écrit des chansons qui concernent les gens qui forment l’essentiel du pays. »

Les « gens de peu », son sujet et son public
On pense déjà à Il changeait la vie (1987), où il raconte les jours normaux d’un cordonnier, d’un professeur et d’un « p’tit bonhomme ». La description de « gens de peu », dixit Fred Hidalgo, pour une résonance maximale au sein de son public (Jean-Jacques Goldman préfère parler « des gens qui le suivent »). Il raconte aussi L’Indifférence subie par ces personnes, une chanson « qui aurait pu être écrite aujourd’hui », juge le biographe. Peu de références historiques précises et des albums remplis d’histoires singulières sans contexte défini : celle qui met du vieux pain au balcon (La Vie par procuration), celui qui s’enfuit, qui oublie (Je Marche seul) ou encore « les habitants du même temps » (Famille).

Il met en évidence des phénomènes de société, mais toujours au niveau du quotidien

Une poignée de grands sujets de la France contemporaine percent malgré tout quelques-uns de ses textes. Elle a fait un bébé toute seule aborde ainsi le thème de la famille monoparentale à la fin des années 1980. « Il met en évidence des phénomènes de société, mais toujours au niveau du quotidien », rappelle Fred Hidalgo.

Une difficile histoire personnelle en filigrane
Mais il n’y a pas que le quotidien dans l’épais répertoire de Goldman (rien que 11 albums et 125 chansons pour sa carrière solo). Son parcours personnel est là, parfois, au détour d’un couplet ou en sombre décor d’une chanson entière. Elle touche directement à l’Histoire, le chanteur étant le fils d’immigrés polonais et allemand. Par l’intermédiaire d’une petite fille, dans Comme toi, il traite ainsi de la barbarie nazie vécue par une partie de sa famille.

« Elle aimait sa poupée, elle aimait ses amis
Surtout Ruth et Anna et surtout Jérémie,
Et ils se marieraient un jour peut-être à Varsovie
[…] Elle s’appelait Sarah, elle n’avait pas 8 ans,
Sa vie, c’était douceur, rêves et nuages blancs,
Mais d’autres gens en ont décidé autrement. »

« Je te donne » face au FN?
Goldman, c’est également une multitude d’interprétations possibles pour un seul texte. Exemple avec Je te donne, interprétée avec Michael Jones en 1985 et perçue par certains observateurs comme une réponse déguisée à la montée du Front national de Jean-Marie Le Pen. Pourtant, à la lecture des paroles, rien ne permet d’y voir autre chose qu’un hymne au métissage et à la solidarité. « C’était le mouvement général de l’époque. Il a beaucoup fait pour la diversité par rapport au repli sur soi », rembobine Fred Hidalgo. Avant d’ajouter, comme pour éviter l’image d’un Goldman donneur de leçons : « Et en même temps, il se met dans la peau des ‘gens normaux’, pas des élites. »

Jean-Jacques ne supporte aucune forme de racisme, ni les gens qui cherchent des bouc-émissaires

Le chanteur n’oublie quand même pas de distiller quelques conseils tout au long de ses chansons. Comme lorsqu’il affirme qu' »à coups de livres, je franchirai tous ces murs » dans Envole-moi. Une allusion indirecte aux banlieues, décrypte Fred Hidalgo, formulée en 1984 dans une France qui s’installe dans la dépression et la crise urbaine et sociale post-Trente Glorieuses.

« Jean-Jacques ne supporte aucune forme de racisme, ni les gens qui cherchent des bouc-émissaires », poursuit le biographe. Car pour lui, chacun peut s’en sortir, comme il le dit explicitement dans C’est ta chance :

« Il faudra que tu apprennes
A perdre, à encaisser
Tout ce que le sort ne t’a pas donné
Tu le prendras toi-même. »

Goldman « écrit toujours! »
Le refus du manichéisme irrigue toute l’œuvre du chanteur et un album entier porte même cette idée, Entre gris clair et gris foncé (1987). L’un de ses plus gros succès, Né en 17 à Leidenstadt, traite aussi de cet « autre côté » à prendre systématiquement en considération : lui, le descendant d’immigrés juifs, aurait-il « été meilleur ou pire que ces gens » s’il avait été allemand »? « On saura jamais c’qu’on a vraiment dans nos ventres. (…) L’âme d’un brave ou d’un complice ou d’un bourreau? », interroge-t-il aux côtés de Carole Fredericks et Michael Jones.

Alors, que dirait Jean-Jacques Goldman à l’époque des réseaux sociaux et des Gilets jaunes, s’il écrivait encore aujourd’hui? « Il écrit toujours! », corrige son ami de trente ans. « Il n’a jamais perdu l’inspiration, il note toujours des choses sur un petit carnet, sans avoir l’intention d’écrire des chansons. » La musique n’est plus son occupation principale d’ailleurs : certes, il signe des textes pour ses amis, comme dans le dernier album de Patrick Fiori, mais Jean-Jacques Goldman est désormais un père au foyer retiré à Londres, qui répond chaque jour à l’abondant courrier de ses fans, entre une séance de vélo et une heure de course à pied.

Pourtant, à en croire son ami de trente ans, Jean-Jacques Goldman, serait toujours « à l’affût ». Mieux, glisse Hidalgo : « Si l’envie lui revenait, s’il se décidait aujourd’hui à sortir un album, il le sortirait en trois mois. » Et que contiendrait-il, cet opus tant attendu? « Ce serait des chansons dans la même veine que les autres, sur la société actuelle », imagine le biographe. « On ne peut pas s’attendre à du rap ou des chansons politiques venant de lui. Goldman ferait encore du Goldman. »

La méthodologie du Top 50
L’enquête a été menée par l’Ifop pour le JDD du 6 au 10 décembre 2018 auprès d’un échantillon de 1.004 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas, questionnaire autoadministré en ligne). 68 noms ont été proposés : les 45 premiers du classement 2017 à l’exception de Charles Aznavour, décédé, 5 personnalités choisies par la rédaction du JDD et 19 par les internautes sur une liste de 60 postulants pendant tout le mois de novembre. Voici les deux questions posées ensuite par l’Ifop : 1. Pour chaque personnalité, merci d’indiquer si vous considérez qu’elle compte et/ou si vous l’aimez bien ou si vous ne l’aimez pas (ou si vous ne la connaissez pas). 2. Parmi les personnalités que vous avez retenues comme étant des personnes qui comptent pour vous ou que vous aimez bien, quelles sont les dix qui comptent le plus pour vous ou que vous aimez le mieux?

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