Dans une tribune publiée mercredi dans Le Figaro, le directeur de l’École nationale d’administration (ENA), Patrick Gérard, prend la défense de son école. Emmanuel Macron pourrait annoncer sa fermeture lors de sa conférence de presse, jeudi.
Officiellement, il ne veut pas « participer au débat actuel sur l’avenir de l’ENA, qui sera tranché par le président de la République ». Mais Patrick Gérard, le directeur de l’ENA, l’École nationale d’administration (ENA), fait tout comme, dans une tribune publiée mercredi dans Le Figaro. Le timing n’est pas anodin : jeudi, Emmanuel Macron pourrait confirmer la suppression ou la refonte de la grande école strasbourgeoise, une mesure qui a fuité après la non-diffusion de son allocution télévisée la semaine dernière. Et le patron de l’ENA tient à rétablir « quelques vérités » face aux critiques visant l’institution qui forme les futurs hauts fonctionnaires de l’Etat.
Ces critiques, écrit Patrick Gérard, « choquent voire blessent profondément ses élèves et ses personnels ». « Non, les élèves de l’ENA ne sont pas mus par le désir de compliquer la vie de leurs concitoyens », commence-t-il, jugeant ses étudiants « sincèrement soucieux de s’engager pour leur pays, pour l’intérêt général et le bien commun ». « Non, les élèves de l’ENA ne sont pas tous ‘des jeunes de 25 ans' » mais ont un « âge moyen de 31 ans et demi » à la sortie de l’école et y entrent après « plusieurs années d’expérience professionnelle » ou « après des études supérieures plus longues qu’autrefois », poursuit-il. Le patron de l’ENA conteste également que les étudiants y entrent « par favoritisme » puisqu’il passent « un concours exigeant ».
Les élèves de l’ENA « ne sont pas coupés des réalités de leur époque »
La création de l’école en 1945, rappelle-t-il aussi, visait précisément à mettre fin à « un système de cooptation » des hauts fonctionnaires. Et « l’actuelle promotion Molière ne compte aucun enfant d’énarque, de ministre ou de parlementaire », fait-il valoir. Pour autant, concède Patrick Gérard, « on peut regretter que seuls 19% des élèves actuels aient un parent ouvrier, commerçant, employé, agriculteur, artisan ou chômeur » et « il faut encore mieux faire ».
Selon lui aussi, la scolarité a été « profondément rénovée » et « les élèves de l’ENA ne sont pas coupés des réalités de leur époque », oeuvrant notamment « en faveur de personnes défavorisées » à Strasbourg où l’école est installée depuis les années 90. Seuls 2,5% des anciens élèves de l’ENA exercent « une fonction ou un mandat politique » comme c’est le « cas aujourd’hui de 15 députés sur 577 », ajoute-t-il. L’ENA a formé en un peu plus de 70 ans quelque 7.000 hauts fonctionnaires français et accueilli plus de 3.700 élèves étrangers, venus de 134 pays. Quatre présidents de la Ve République – Emmanuel Macron, François Hollande, Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing -, en sont diplômés.