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Aérospatial : Menaces sur le CNES

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Le Centre national d’études spatiales (Cnes) traverse une zone de fortes turbulences. Le 14 avril, une intersyndicale (CFDT, CFE-CGC- CGT, UGT-FO) a décidé de débrayer pour manifester son opposition à la politique de « modernisation » que la nouvelle direction compte mettre en œuvre dans les années à venir. 600 employés environ se sont joints à ce mouvement de grève temporaire à Toulouse. C’est exceptionnel, ça n’était pas arrivé depuis les années 1990.

Cela couvait. Le nouveau contrat d’objectifs et de performance signé avec le gouvernement est la goutte qui fait déborder le vase. On y enjoint aux salariés de s’adapter à une vision bornée de la recherche spatiale. La réorganisation autoritaire en cours avalise le dépeçage du Cnes. Ce dernier serait réduit à une agence de financement juste bonne à flécher des budgets vers une industrie à qui les clés sont confiées sans contreparties ni contrôle. Le crédo de la « start-up nation » justifie des dépenses énormes (1,5 milliard sur 4 ans) vers des projets portés par des « jeunes pousses » rarement crédibles et dont l’intérêt passe en premier. Le ministère de l’Économie a pris au ministère de la recherche la politique spatiale depuis 2020 et il pilote à vue sans autre cap que la fascination suiviste pour le « New Space » et Elon Musk. En guise de têtes de gondole, des applications commerciales dans « l’Internet des Objets », des constellations Internet ou des projets de « micro-lanceurs », dont l’utilité autant que la faisabilité sont à démontrer. Peu importe que ces projets sombrent à brève échéance, Bercy veut faire croire que la France est à l’avant-garde de « l’innovation de rupture ».

Les conséquences sont désastreuses. Les salariés sont au bord de la rupture. Leurs métiers perdent leur intérêt, leur rémunération est faible et ils sont incités progressivement à rejoindre le privé. Ils dénoncent les ravages et les périls à venir de cette politique pro-business. Le risque est grand de décrocher dans le domaine de la recherche spatiale, comme l’a signalé un collectif d’une soixantaine de membres de l’Académie des sciences dans une tribune du Monde daté du 28 décembre 2021. Cantonné à un rôle d’animateur-spectateur de la « nouvelle économie de l’espace », le Cnes perdrait sa place de contributeur de premier plan de l’exploration scientifique de l’espace. L’obsession de la recherche mercantile et la délégation au privé transforment le Cnes en coquille vide. En décembre dernier il fêtait son 60ème anniversaire. Il est désormais menacé.

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