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Comment Carlos Ghosn organise sa contre-offensive

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Carlos Ghosn doit s’exprimer dans un message vidéo diffusé mardi. De nouveau arrêté jeudi dernier au Japon, l’ancien patron de Renault veut contre-attaquer. Déjà, dimanche, sa femme Carole s’exprimait dans le JDD.

Le message vidéo sera diffusé mardi matin, ont annoncé ses avocats lundi. Carlos Ghosn, de nouveau arrêté jeudi dernier à Tokyo, au Japon, en raison de soupçons de malversations financières, dira au monde sa vérité. Selon sa femme Carole Ghosn, interrogé par le JDD, il compte « désigner les responsables de ce qui lui arrive » dans ce message vidéo. Dans une interview enregistrée sur Skype avant son arrestation et diffusée jeudi soir sur TF1, l’ex-patron de Renault avait déjà prévenu : « Quelques personnes à l’intérieur de Nissan sont à l’origine de ça […] J’ai des noms. »

Placé une nouvelle fois en garde à vue jeudi, après avoir passé déjà 108 jours derrière les barreaux, Carlos Ghosn avait annoncé la veille qu’il comptait tenir une conférence de presse le 11 avril pour « dire la vérité à propos de ce qui se passe ». Un rendez-vous qu’il ne pourra tenir, le parquet de Tokyo ayant obtenu du juge la prolongation de la garde à vue jusqu’au 14 avril.

La nouvelle stratégie de défense de Carlos Ghosn, plus offensive
Cette offensive médiatique correspond à un changement de stratégie opéré en début d’année. Arrêté le 19 novembre dernier par la police japonaise, l’ancien patron, définitivement révoqué lundi matin par les actionnaires de Nissan, a embauché mi-février un ténor du barreau de Tokyo.

Carlos Ghosn s’était d’abord alloué les services de Me Motonari Otsuru. Surnommé le « confesseur », cet ancien procureur, qui connait tous les ressorts du droit des affaires japonais, avait opté pour une stratégie prudente, attendant de connaître les éléments du dossier pour pouvoir riposter.

Las, l’ancien patron, alors toujours en prison, a débauché mi-février Me Junichiro Hironaka, célèbre au Japon et qualifié par les médias de « roi des acquittements ». « Ce dernier a une démarche beaucoup plus offensive et cela convient mieux à un ancien patron qui, quand il était en poste, était offensif », expliquait la semaine dernière au JDD le journaliste François-Xavier Ménage, qui a interviewé Carlos Ghosn pour TF1 et LCI.

Ce changement a payé puisque Carlos Ghosn a fini par être libéré début mars. Et, depuis, il prépare son argumentaire pour sa défense. C’est dans cette optique qu’il souhaitait convoquer les journalistes à une conférence de presse et que son entourage a contacté TF1 pour une interview.

Carole Ghosn en appelle désormais à Emmanuel Macron
Mercredi, son agenda s’est bousculé quand la presse japonaise a révélé l’imminence d’une nouvelle arrestation. L’ancien PDG s’est donc rendu chez ses avocats où il a enregistré le message vidéo qui sera diffusé mardi. C’est également dans les locaux de ses conseils qu’il a été interviewé par François-Xavier Ménage, via Skype.

Sur TF1, il a dénoncé un « acharnement » de la justice japonaise et évoqué des « mensonges » émanant de Nissan. « Je suis combatif, je suis innocent. C’est dur, il faut le savoir », a-t-il insisté avant d’en appeler, pour la première fois, au gouvernement français.

Ce dernier n’est pas resté sourd à ce message, tout en restant très prudent. Interrogé sur le sujet, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a ainsi rappelé le principe de présomption d’innocence.

Son collègue des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a de nouveau rappelé cette position samedi lors d’un entretien avec son homologue nippon en marge d’une réunion du G7 à Dinard. « J’ai dit deux choses au ministre [Taro Kono, en charge des Affaires étrangères] : d’abord, que la France respectait totalement la souveraineté et l’indépendance de la justice japonaise. Et j’ai rappelé aussi notre attachement au respect de la présomption d’innocence et la pleine application de la protection consulaire », a ainsi commenté le locataire du Quai d’Orsay.

Je demande solennellement qu’on lui laisse la présomption d’innocence comme à tout citoyen français

« Je demande solennellement qu’on lui laisse la présomption d’innocence comme à tout citoyen français et j’en appelle au président de la République », a pour sa part déclaré Carole Ghosn dans le JDD, réitérant sa foi dans l’innocence de son mari.

Emmanuel Macron ne s’est jamais publiquement exprimé sur l’affaire Carlos Ghosn. Mais le chef de l’Etat en avait touché un mot au Premier ministre japonais Shinzo Abe, lors d’un entretien téléphonique fin janvier. « Je me suis simplement préoccupé que le sort d’un compatriote français respecte le minimum de décence qu’on est en droit d’attendre », avait alors indiqué le Président, selon des propos rapportés par l’AFP.

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